Chine : Les parapluies de Hongkong

Il y avait l'homme au char du Printemps de Pékin en 1989, il y aura désormais l'homme au parapluie des manifestations de Hongkong en 2014. L'image prise dimanche soir dans le quartier de l'Amirauté, ne porte évidemment pas la même douleur que celle de Tiananmen. Il y a vingt cinq ans, le régime ouvrait le feux sur ses propres étudiants, ce n'est pas le cas heureusement aujourd'hui. Mais quel symbole tout de même, que ce parapluie fragile pour tenter de se protéger des gaz lacrymogènes de la police hongkongaise. « Un pays, deux systèmes » disait Deng Xiaoping au moment de la rétrocession de l'île. En défendant les libertés du citoyen, Hongkong est un modèle pour la Chine de demain.

 

Une voix, un vote

C'est une promesse non tenue qui a fait descendre les étudiants de Hongkong dans la rue. Le régime chinois a annoncé en août dernier qu'il y aurait bien des élections au suffrage universel dès 2017 à HongKong pour désigner le chef de l'exécutif, mais une élection selon le cadre prédéfini par Pékin. Pour le régime communiste, seuls deux ou trois candidats sélectionnés par un comité pourront se présenter au scrutin. Cela ressemble au suffrage universel, cela en a l'habillage mais ce n'est pas le suffrage universel ont rétorqué immédiatement les représentants de la société civile qualifiant la proposition "d'orange pourrie" et exigeant de vraies réformes politiques conformément à l'accord passé avec la Chine en 1997.

A(RE)LIRE Le Monde 01.09.2014 Brice Pedroletti : Pékin adopte pour Hongkong un « suffrage universel » restreint et sous conditions

 

Dessin posté sur twitter par @Leungfaye

 

Encore une révolution 2.0 

La nouvelle a déboulé au milieu d'une tornade d'infos venues directement des manifestants hier après-midi. Pékin cherche à couper le robinet des images. Instagram, l'application qui permet d'échanger des photos sur le net, est désormais fermée en Chine continentale. Les posts sur Wechat, application qui permet d'envoyer sons, textes et images sur les téléphones portables, en provenance de Hong-Kong sont également partiellement censurés ont alors annoncé les twittos. Le Parti communiste chinois souhaite à tous prix éviter que les manifestations de la région administrative spéciale ne donnent de mauvaises idées aux Chinois de Canton, Shanghai ou Pékin. Les censeurs n'ont peut-être jamais autant travaillés en Chine. Les médias officiels ont également reçu pour mot d'ordre de ne pas relayer les évènements à HongKong. C'était évidemment sans compter les réseaux sociaux ! C'est vrai quoi, pourquoi acheter le journal pour lire les nouvelles de la veille, voir de l'avant veille ? Comme à Taiwan, les manifestants hongkongais ont fait connaître leurs revendications essentiellement grâce au web. Grâce aussi aux journaliste chinois, d'anciens rédacteurs du groupe Nanfang notamment, expulsés vers Hongkong. Du côté des occidentaux, en dehors des agences et d'une quarantaine de confrères anglos-saxons présents sur place, la plupart des grands médias notamment français, ont pris le train en retard.

 

Mobilisation des Hongkongais de l'étranger

Et c'est sur le net, notamment via Twitter, que nous avons pu suivre les manifestations en direct depuis vendredi. Après le mouvement des tournesols à Taipei, voici donc les parapluies de Hong-Kong. Les deux territoires pourraient chanter l'air des sœurs jumelles de Cherbourg, tant les deux mouvements de contestation se ressemblent. Comme lors du Printemps de Taipei, les manifestations ont eu recours à tous l'arsenal offert par les nouvelles technologies en matière de communication : Diffusion en direct des manifestations sur le web et notamment l'intervention des forces de l'ordre, des cortèges vus du ciel et filmés au moyen de drônes pour donner une idée de l'ampleur de la mobilisation. Des manifestations de soutien ont également été organisées par les hongkongais de l'étranger. La prochaine aura lieu à Paris, le 1er octobre prochain, jour de la fête nationale chinoise.

 

 

Un leader de 17 ans

La campagne de désobéissance civile menée jusqu'alors par les étudiants hongkongais, a reçu le soutien des syndicats et des ONG ce week-end. Après l'occupation du siège du gouvernement central samedi soir, l'organisation prodémocratie Occupy Central a visé le cœur du distict financier et commercial de Hong-Kong. Une manière de contrer frontalement les partisans du statu quo qui estiment que froisser Pékin c'est risquer de destabiliser l'économie locale. La jeunesse a également l'appui d'une partie des habitants de l'île, malgré une radicalisation du mouvement suite à l'arrestation de ses leaders -et notamment le héros de la jeunesse, le lycéen Joshua Wong, 17 ans, libéré dimanche-. Une solidarité qui se traduit entre autre par le klaxon appuyé des automobilistes au passage des défilés, certains allant même hier jusqu'à garer leur véhicule près des manifestations de manière a offrir des baricades de fortune aux protestataires en cas d'intervention de la police. D'autres transformant leurs berline luxueuse en ravitailleur de cortège. Des photos d'enseignants corrigeant les copies de leur examen assis en tailleur sur le bitume ont également circulé.  

Image CNN Joshua Wong, 17 ans, leader du mouvement étudiant

 

Comment dit-on Maidan en Cantonais ?

Cette nuit, les forces anti-émeutes ont reculé dans le centre de HongKong et les manifestants -beaucoup ont passé la nuit dehors-, restent plus que jamais mobilisés. Le mouvement est presque devenu festif et fait penser à la place Maidan en Ukraine. Mais les images de jeunes gens, mains levées face aux forces de l'ordre et tentant de se protéger des gaz lacrymogènes avec des masques en papier, des lunettes de chantier et des rouleaux de plastic alimentaire, ont marqué les esprits. Le chef de l'executif, Leung Chun-ying a promis que l'Armée Populaire de Libération n'interviendrait pas, tout en invitant la population à rester à l'écart d'un mouvement qualifié « d'illégal ». Négociations ou usage de la force, Pékin ne peut pas prendre le risque de laisser les choses s'envenimer. Comment va réagir le Parti communiste chinois ? Malgré la censure, ce qui se passe dans la région administrative spéciale (RAS) est observé avec attention à Taiwan, et le sera aussi probablement dans les marges de l'empire (Xinjiang ou régions tibétaines) où il est strictement interdit de manifester. Après tout, Liu Xiaobo -le prix Nobel de la paix chinois aujourd'hui en prison-, n'avait-il pas évoqué Hong-Kong comme modèle pour la Chine de demain ?

Image diffusée sur Twitter le 28.09

 

 

Pour suivre le mouvement des parapluies à Hongkong sur internet:

 

TWITTER : Liste des confrères chinois et anglos-saxons sur place : https://twitter.com/StephaneLagarde/lists/livetweetsfromhongkong

 

FACEBOOK : Je vous conseil les comptes français de Nancy Li, Sony Chan et Pierre-Yves Baudry.

 

LIVE : Les manifestants filment les manifestations. Les images sont retransmises en direct notamment celles du soir sur les sites de la BBC ou de l'Apple Daily en lien ICI.

 

A(RE)LIRE New York Times 29.09.2014 The Hongkong protests : What you should know

 

A(RE)LIRE Les droits et les devoirs des manifestants à Hongkong

 

A(RE)LIRE Hongkong et Tiananmen une analogie sommaire

 

 

Actualisation du billet :

 

Dessin signé posté sur Twitter le 01.10.2014

 

 

Dessin publié sur Twitter par @LeoAW

 

Desin @Badiucao

 

 


Dessin envoyé sur Twitter par @Mei_Mac

 

Postée sur Twitter par @MariekeNOS

 

 

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