Quand la Chine rétrécit

La Chine a encore rétréci ce mardi. Cette fois l’annonce n’a même pas eu besoin de la fanfare des médias officiels. Seule une dépêche de l’agence Chine Nouvelle est venue marquer l’évènement. Un nouveau TGV relie désormais Pékin à Nanning à l’extrême sud du pays, et cela en moins de 10 heures ! La bataille du rail est plus qu'engagée, désormais la Chine rêve de relier les continents via ses fusées du rail.

 
Outre la conquête spatiale, c'est a une véritable bataille du rail que se livre Pékin. Objectif : Relier toutes les villes chinoises par le TGV d'ici à la fin de la décennie. Fin septembre 2013, le pays comptait plus de 10 000 kilomètres de lignes à grande vitesse, en 2020 ce chiffre devrait ainsi être multiplié par dix selon la presse chinoise. Et les ambitions ferroviaires chinoises ne s'arrêtent pas là ! La deuxième économie du monde annonce régulièrement des ponts avec les pays voisins et même des bonds transcontinentaux. Pourquoi pas demain, rejoindre l'Asie du Sud-Est, l'Europe et même les Etats-Unis, a plus de 300 km/heure.

1000 km/h sur rail

Voici ce que nous écrivions dans Aujourd'hui la Chine publié en 2011 aux Editions Casterman Jeunesse

"Ce sont désormais des norias de TGV qui réunissent les principales agglomérations de l'est du pays. En cinq ans et à grand renfort de transferts de technologies, la Chine qui partait de zéro en matière de grande vitesse est désormais à la première place avec plus de 7500 kilomètres de lignes pour les fusées du rail. Ce chiffre devrait d’ailleurs encore doubler dans les dix ans. Les records se bousculent si bien que les Unes des journaux chinois finissent par prendre des allures de tableaux de bord. « Harmonie CRH380A » qui relie la capitale à Shanghai va aussi vite qu’un « avion à réaction à basse vitesse » assure le Quotidien du Peuple. 486,1 km/h ont été enregistrés en décembre 2010 lors d’un essai sur ce TGV fabriqué par le constructeur chinois CSR. Les rames sont pourtant encore loin d’être pleines et la polémique sur le rythme d’extension du réseau ne cesse de prendre de l’ampleur. Les chemins de fer chinois plombés par la dette pourraient exploser en 2015 affirme le South China Morning Post. La corruption massive a couté sa place au dernier ministre des transports Liu Zhijun. La qualité et la sécurité des réseaux ferrés qui permettent aux trains de creuser la nuit à plus de 350 km/h et traverser plusieurs provinces le temps d’un sommeil sont remises en cause. Mais la Chine ne compte pas s’arrêter là ! Utopie ou futur proche, les chercheurs chinois ont dans leurs cartons le projet d’un TGV roulant à 1 000 km/heure. Ce qui mettrait Shanghai à un peu plus d’une heure de Pékin. Après l'est et le centre du pays, le cap est désormais mis sur les provinces de l’Ouest et les pays frontaliers. Sur les rails, la construction d’une ligne reliant le Yunnan à Ventiane au Laos, un tracé de 1920 kilomètres reliant Kunming à Rangoon et même un TGV passant sous le détroit des Formoses avec pour terminus Taipei."

TGV "sabre"

Le nouveau Pékin-Nanning n'est en réalité pas une nouvelle ligne, mais un raccordement de deux nouveaux tronçons -hengyang et liuzhou-. Ce qui fait économiser tout de même une journée de voyage. Le trajet prend aujourd'hui 10 heures. Lorsque nous nous sommes rendus dans la capitale de la province autonome du Guangxi cet été, nous avions passé 26 heures dans le train. De cette manière, en procédant par raccords successifs, l'ensemble des villes moyennes en Chine seront demain reliées au réseau à grande vitesse. Ce redémarrage fait suite à l'ouverture de l'express de Canton l'hiver dernier. La ligne de Tgv la plus longue du monde a été inaugurée au lendemain de noël après plusieurs mois de rallentissement des travaux. La plupart des chantier avaient en effet été gelés suite à la collision entre deux trains rapides qui a fait 43 morts à Wenzhou en juillet 2011.

 

Les 54 CHR80 de la ligne à grande vitesse (LGV) Pékin-Shanghai ont également été rappelés au garage pour révision, et les projets de fusées du rail tels que le "TGV sabre" ont été rangés dans les cartons. 

Tgv sabre

 

Au final, l'ensemble du réseau a dû rallentir à 300 km/h et les wagons ultra luxes comme ces canapés du train à grande vitesse Pékin-Chongqing ont disparu. 

TGV Pékin-Chongqing aujourd'hui disparu. Photo SL Juin 2011

Pékin-Londres en... 48 heures ?!

La catastrophe ferroviaire de juillet 2011 et les scandales à répétition ont eu raison du ministère du rail chinois.
 
 
 
► A (RE)LIRE : La fin du ministère du rail
 
 
Les pilotes ont désormais le pied sur le frein, mais les commerciaux sont à l'ouvrage. Ce sont les marchés du sud-est asiatique que vise Pékin et notamment la Thaïlande où s’est rendu le Premier ministre chinois Li Keqiang en octobre dernier. Avec des rêves fous : A l’horizon 2020, ceux qui aiment prendre le train pourront ainsi se rendre jusqu’à Londres en à peine... 48 h affirme la télévision centrale de Chine ?!
  
Tgv en gare de Pékin, photo SL
 
Le train fait partie à la fois du cauchemar et du rêve chinois pour parodier le slogan de la nouvelle équipe dirigeante. Cauchemar quand on repense aux problèmes de sécurité, mais aussi et surtout à la difficulté de trouver des billets pour voyager.
 
A (RE)LIRE : La bataille du rail
 
Faute du précieux sésame, certains choisissent de voyager debout,
 
 
Il reste sinon à opter pour les lignes à grande vitesse plus chères, mais sur lesquelles les billets sont plus faciles à obtenir. Depuis 2011 en effet, une pièce d’identité est exigée pour acheter une place de Tgv, ce qui limite la spéculation sur les billets et la revente au marché noir.
 
 
Le rail chinois demeure malgré ces difficultés et la grande vitesse qui fait fondre les distances, un rêve pour l’auteur de ces lignes, car il reste l’un des meilleurs moyens de prendre la mesure de ce pays continent.
 
Les casquettes des controleuses, train Pékin-Nanning Photo SL
 
 
 

 

Actualisation du billet :

Les autorités chinoises alignent régulièrement les km de bitume et de rail comme critère de réussite et de développement. 
 
 
Usine Nouvelle 26.01.2014 Le syndrome du rail chinois 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
AFP 26.01.2015  Une société chinoise fournira des trains au métro de Boston
 
Pékin, 26 jan 2015 (AFP) - Un constructeur de trains chinois a annoncé lundi avoir remporté un contrat de plusieurs centaines de millions de dollars pour la fourniture de trains au métro de la ville de Boston, rapporte l'agence officielle chinoise d'informations Chine Nouvelle.

L'accord annoncé par la société chinoise CNR Corporation prévoit la fourniture de 284 trains pour une valeur de 4,12 milliards de yuans (658 M USD).

C'est la première fois que la Chine pénètre le marché du rail américain, selon Chine Nouvelle.

Aux termes du contrat, la société chinoise vendra ses trains au régulateur du transport public du Massachusetts pour être utilisés dans le métro de Boston.

Les trains sont conçus pour rouler à une vitesse de 102 kilomètres à l'heure et parcourir 129.000 kilomètres par an et ont une durée de vie de trente ans, moyennant un entretien régulier.

Selon Chine Nouvelle, CNR cherche à être présent sur les marchés du rail dans d'autres villes américaines y compris New York et Washington et compte établir un centre de recherche et de développement aux Etats-Unis.
 

 
 
Vous l'avez compris, nous adorons les voyages en train en Chine, voici quelques images de gares chinoises...
 
Gare centrale de Pékin. Photo SL
 
Gare de l'ouest Pékin. Photo SL
 
Gare du Sud Pékin. Photo SL
 

Gare TGV de Zhengzhou, province du Henan (centre)

 
Soucoupe volante posée au milieu de la campagne du Henan, la nouvelle gare TGV de Dingyuan dite gare Li Keqiang. Photo SL.
 
Gare TGV de Wuhan province du Hubei (ouest) Photo SL.