Corée du Sud : Une flamme virtuelle au cœur des manifs high-tech

C’est probablement moins romantique, mais ça dure plus longtemps. À Séoul, les LED et les smartphones vont-ils remplacer les bougies dans les manifestations ? Leur multiplication dans les cortèges ces derniers jours n'est en tous cas pas passée inaperçue. Certains y voient une réponse à ceux qui misent sur une extinction de la flamme protestataire et sur un essoufflement des manifestants qui, depuis un mois maintenant, défient la présidence sud-coréenne bougie à la main.

Copie écran Newscj/ bougie sur le smartphone d'une manifestante à Séoul

Il aurait mieux fait de se taire Kim Jin-tae. Les propos de ce député conservateur, le 17 novembre dernier, n’ont pas manqué de susciter des réactions. Ce membre du Saenuri, le parti au pouvoir en Corée du Sud, se disait en effet convaincu que les bougies des rassemblements de masse contre la présidence en Corée du Sud viendraient à s’éteindre « au moindre coup de vent. »  Autant maitriser un incendie avec un verre d’eau ! Non seulement les vents froids venus de Chine n’ont pas mouché la flamme des manifestants, mais la petite phrase a, semble-t-il, regonflé le moral des troupes : « Le feu de la contestation est comme la braise ont ainsi répondu des lycéens cités par la chaîne SBSPlus on souffle dessus, plus il s’embrase affirmaient ces jeunes en brandissant, ta-ta-tam... leurs bougies artificielles. »

Combien de manifestants selon les smartphones ? 

Ces diodes électroluminescentes et autres flammes virtuelles échappées des écrans des smartphones sont une déclinaison moderne des manifestations aux chandelles dont l’origine remonte à la « crise du bœuf » en 2008. Au départ, ces veillées lumineuses devant la mairie de Séoul visaient à dénoncer la levée de l’embargo sur les importations de bœuf américain. Depuis, les bougies sont de sortie à chaque nouveau rassemblement, qu'il soit triste ou joyeux d'ailleurs : à la flamme tremblotante de l'électorat très âgé célébrant la victoire de Park Geun-hye à la présidentielle de 2012, ont succédé les bougies des parents d’élèves disparus dans le naufrage du ferry Sewol en 2014.

Copie écran Jinbo Network Center

Et ces bougies LED ne sont pas les seules nouveautés des grands rassemblements de l'hiver. Les manifestants sud-coréens disposent aussi de nouvelles applications pour les aider sur le parcours : GPS du tracé et carte des toilettes publiques notamment. Et si cela ne suffit pas, le Jinbo Network Center créé en 2015, est là pour aider les contestataires à "profiter de leur liberté de manifester ". Avec des questions (quelles chaussures choisir, comment réagir si la police vous barre le chemin ?) et des conseils : le site suggère notamment de penser à emporter un petit tapis de sol pour les sit-in.

 

Copie écran tweet de l'envoyé spécial du Point à Séoul le 19 novembre

High-tech et humour

Le site « O chon man chopul » (50 millions de bougies) s’engage de son côté à faire le décompte des présents. Chaque manifestant envoie une icône bougie via son smartphone. L’application fait ensuite les calculs et donne un chiffre de participation, si possible avant celui de la police.

Copie écran SBS

Ces manifestations high-tech se veulent aussi festives. Face à l’absurde de la situation politique et au scandale d’une présidente soupçonnée d’avoir été manipulée par sa mystérieuse confidente et son père gourou, les manifestants dégainent l'humour. En témoignent, ces drapeaux fantaisie dans les cortèges. Les membres du « rassemblement national des chiens », de « l’institut de recherches sur le zèbre », de « l’alliance nationale des chats » ou encore les employés d'un tout aussi fantasque « musée de la mort brutale » sont désormais de la partie. Samedi 26 novembre prochain, les organisateurs espèrent dépasser le record du 12 novembre dernier, quand un million de personnes s'étaient déplacées à Séoul pour réclamer la démission de Park Geun-hye.

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