« C’est beau, mais c’est loin » avait l’habitude de dire l’ancien président français Jacques Chirac lors de ses visites en province. Une plongée dans le cœur des hommes à laquelle n’échappent pas les dirigeants chinois. Malgré le peu de concurrence entre les partis politiques en Chine -il n'y en a qu'un-, les officiels chinois ne sont pas les derniers pour ce qui est des tournée de poignées de main. Le président chinois était ainsi complètement à l'ouest dimanche, avec une périgrination dans les montagnes de Wuling -province du Hunan- raconte la présentatrice de CCTV.
"Xi Jinping a visité plusieurs villages des minorités Tujia et Miao.Il a ramassé un pamplemousse avec les paysans et il a dit en plaisantant qu’il s’agissait d’un travail technique explique la journaliste de la télévision centrale de Chine. L’importance de l’évènement est ici déroulée pendant près de cinq minutes, sans aucune image de la visite. Xi Jinping a également visité une famille paysanne poursuit la présentatrice : « Dans le foyer, le seul appareil électrique était une ampoule ».
Xi Jin qui ?
« La paysanne ne le connaissait pas et lui a demandé : ‘Comment je dois vous appeler ?’ Le maire du village s’est aussitôt empressé de répondre : « C’est le Secrétaire Général ». Xi a alors tenu les mains de la dame en lui demandant son âge. Presque 65 ans lui a répondu l'intéressée. « Vous êtes donc ma grande sœur a rétorqué le chef de l’Etat. » Chose plutôt étonnante, le nom du président chinois n'est donc pas encore arrivé jusque dans les montagnes de l'ouest.
Chine du milieu
C'est surprenant quand on sait que Xi Jinping n’en est pas à sa première visite en province.Le président intronisé en mars dernier a en effet multiplié les déplacements dans la Chine de l’intérieur, à tel point qu’il a repris le rôle du dirigeant proche du peuple incarné par le Premier ministre sous le tandem précédent (Hu Jintao / Wen Jiabao). Des voyages évidement rapportés dans leurs moindre détails par les médias officiels
Xi’isme
Mais de là, à parler de culte du bonhomme il y a un pas. Un pas vite franchi par les commentateurs suite à l'anniversaire en fanfare de Xi Zhongxun (le père de l'actuel président), le mois dernier. "Le Xi-isme s’installe" relève ainsi un confrère du New York Times en lisant Chine Nouvelle. « Les fonctionnaires provinciaux se réunissent pour étudier 'l'esprit' des discours de Xi Jinping » affirmait en effet ce mardi l’agence officielle.
Livre du président
Et ceux qui n’ont pas perçu "l'esprit de Xi" dans les discours pourront toujours se rattraper avec le premier tome de l’histoire du président. L’ouvrage mis en vente à 52, 80 yuans (un peu plus de 6 euros) en librairie, raconte les débuts de carrière du chef de l’état lorsqu’il était chef du parti communiste de la province du Zhijiang dans l'est de la Chine. On ne peut pas dire que le titre soit très vendeur : "Travailler concrétement et marcher vers l'avant, réflexions et pratiques pour promouvoir le développement du Zhijiang". L'ouvrage devrait toutefois se vendre comme des baozis (petits pains farcis), vu la promo déroulée par les médias d'Etat. Xi Jinping devient ainsi le premier président avec Mao a signer un livre alors qu'il est encore en exercice.
Démocratie à la chinoise
Un livre qui a été précédé par un dessin animé avec le président expliquant les vertues de la démocratie… made in china !
« Bataille interne, harmonie externe. La querelle des anciens et des modernes n’a pas grand sens appliquée au régime chinois écrivions nous dans un ouvrage illustré paru en 2011 (http://www.amazon.fr/Aujourdhui-Chine-Mathieu-Baratier/dp/2203038187). Dans un pays cinq fois millénaire, les conservateurs d’hier sont souvent les libéraux d’aujourd’hui et vice versa. Car, contrairement aux apparences, le PCC est traversé par des courants et des lignes de fractures. Comme en démocratie, la politique en Chine est affaire de longue haleine et de combats acharnés. Les poignées de main échangées lors de visites en province marquent un enracinement dans un territoire, les clans et les réseaux sont de mises si l’on veut gravir les échelons du pouvoir. La bataille est âpre pour se débarrasser de ses rivaux. A l’extérieur, en revanche, l’unité prévaut. Les opinions discordantes n’ont pas voix au chapitre tant le régime est obsédé par sa propre survie. »
Stéphane Lagarde - mar, 11/05/2013 - 13:26
merci pour ces précisions
Claude (non vérifié) - mar, 11/05/2013 - 08:44
Le dessin animé montre que tout citoyen chinois peut se présenter à l'élection au niveau de base (tous les 5 ans), puis progresser. Bien sûr, le PCC exerce des pressions sur le citoyen trop libre et domine de fait. Mais le concept théorique est plus démocratique qu'en France, où l'on doit se présenter sur une liste (sauf pour 28% des citoyens dans les villes de moins de 3500 hab., seuil qui devrait descendre à 500 soit 7% des français...), donc être inféodé à un parti, c'est à dire à un clan ; ce qui est un déni fondamental de Liberté/Egalité.
Claude (non vérifié) - mar, 11/05/2013 - 08:26
En plus du PCC, il y a en chine 8 partis politiques minoritaires :
Depuis 1950, ils sont tous acceptés formellement par le Parti communiste chinois et leurs activités sont dirigées par le bureau du Front uni du PCC. Bien qu'ils soient rigoureusement organisés pour ne pas concurrencer le PCC, des membres de ces partis se retrouvent individuellement à certaines étapes d'élaboration des lois et politiques d'État, et un règlement prévoit que les institutions d'État aient au moins un membre des partis politiques mineurs.
Ces partis mineurs sont :
o le Comité révolutionnaire du Guomintang (KMT), fondé en 1948 par des membres dissidents du Guomindang du général Tchang Kaïchek ;
o la Ligue démocratique de Chine, fondée en 1941 par des intellectuels ;
o l'Association de construction nationale démocratique de Chine, formée en 1945 par des éducateurs et des capitalistes nationaux ;
o l'Association chinoise pour la promotion de la démocratie, fondée en 1945 par des intellectuels médecins, éducateurs d’écoles primaires et collèges, ainsi que d'éditeurs ;
o le Parti démocratique des paysans et des travailleurs chinois, fondé en 1930 par des intellectuels médecins, artistes et éducateurs ;
o le Parti chinois pour l'intérêt public, fondé en 1925 pour attirer le soutien de la diaspora chinoise ;
o la Société du 3 Septembre, fondée en 1945 par un groupe de professeurs et de scientifiques pour commémorer la victoire contre le fascisme ;
o la Ligue pour l'auto administration démocratique de Taiwan, créée en 1947 par les patriotes soutenant la démocratie taiwanaise.
Ces 8 partis groupent plus de 800.000 membres (contre 80 millions pour le PCC), dont 32.000 travaillent dans les départements gouvernementaux des comtés, 200 au niveau provincial, des gouvernements ou et des corps consultatifs politiques.
En quelques mots
Le temps de la radio et ses formats sont parfois réducteurs pour raconter une région où tout change tout le temps.
Au travers de ce blog, je vous invite à partager mes rencontres, mes voyages et les 1000 petits riens qui font le quotidien, forcement subjectif, d’un passionné d'Asie.
5 Comments
"La Constitution est l'autorité suprême". Un nouveau parti politique créé par les partisans de Bo Xilai en Chine. http://lexpansion.lexpress.fr/economie/un-parti-politique-cree-en-chine-par-les-partisans-de-bo-xilai_413964.html
« Bataille interne, harmonie externe. La querelle des anciens et des modernes n’a pas grand sens appliquée au régime chinois écrivions nous dans un ouvrage illustré paru en 2011 (http://www.amazon.fr/Aujourdhui-Chine-Mathieu-Baratier/dp/2203038187). Dans un pays cinq fois millénaire, les conservateurs d’hier sont souvent les libéraux d’aujourd’hui et vice versa. Car, contrairement aux apparences, le PCC est traversé par des courants et des lignes de fractures. Comme en démocratie, la politique en Chine est affaire de longue haleine et de combats acharnés. Les poignées de main échangées lors de visites en province marquent un enracinement dans un territoire, les clans et les réseaux sont de mises si l’on veut gravir les échelons du pouvoir. La bataille est âpre pour se débarrasser de ses rivaux. A l’extérieur, en revanche, l’unité prévaut. Les opinions discordantes n’ont pas voix au chapitre tant le régime est obsédé par sa propre survie. »
merci pour ces précisions
Le dessin animé montre que tout citoyen chinois peut se présenter à l'élection au niveau de base (tous les 5 ans), puis progresser. Bien sûr, le PCC exerce des pressions sur le citoyen trop libre et domine de fait. Mais le concept théorique est plus démocratique qu'en France, où l'on doit se présenter sur une liste (sauf pour 28% des citoyens dans les villes de moins de 3500 hab., seuil qui devrait descendre à 500 soit 7% des français...), donc être inféodé à un parti, c'est à dire à un clan ; ce qui est un déni fondamental de Liberté/Egalité.
En plus du PCC, il y a en chine 8 partis politiques minoritaires :
Depuis 1950, ils sont tous acceptés formellement par le Parti communiste chinois et leurs activités sont dirigées par le bureau du Front uni du PCC. Bien qu'ils soient rigoureusement organisés pour ne pas concurrencer le PCC, des membres de ces partis se retrouvent individuellement à certaines étapes d'élaboration des lois et politiques d'État, et un règlement prévoit que les institutions d'État aient au moins un membre des partis politiques mineurs.
Ces partis mineurs sont :
o le Comité révolutionnaire du Guomintang (KMT), fondé en 1948 par des membres dissidents du Guomindang du général Tchang Kaïchek ;
o la Ligue démocratique de Chine, fondée en 1941 par des intellectuels ;
o l'Association de construction nationale démocratique de Chine, formée en 1945 par des éducateurs et des capitalistes nationaux ;
o l'Association chinoise pour la promotion de la démocratie, fondée en 1945 par des intellectuels médecins, éducateurs d’écoles primaires et collèges, ainsi que d'éditeurs ;
o le Parti démocratique des paysans et des travailleurs chinois, fondé en 1930 par des intellectuels médecins, artistes et éducateurs ;
o le Parti chinois pour l'intérêt public, fondé en 1925 pour attirer le soutien de la diaspora chinoise ;
o la Société du 3 Septembre, fondée en 1945 par un groupe de professeurs et de scientifiques pour commémorer la victoire contre le fascisme ;
o la Ligue pour l'auto administration démocratique de Taiwan, créée en 1947 par les patriotes soutenant la démocratie taiwanaise.
Ces 8 partis groupent plus de 800.000 membres (contre 80 millions pour le PCC), dont 32.000 travaillent dans les départements gouvernementaux des comtés, 200 au niveau provincial, des gouvernements ou et des corps consultatifs politiques.