Les mouches sont plus proches du peuple, elles sont par conséquent plus nuisibles à l’image du parti. Voilà en substance ce que laisse entendre le
Quotidien du Peuple ce mardi. Les mouches sont les petits cadres du parti et les tigres, ses dirigeants. Selon le rapport de l'Académie des Sciences Sociales et le Bureau de recherches sur l'opinion publique de l'Université de Communication de Shanghai, c’est la corruption au niveau local qui doit d'abord faire l'objet des mesures répressives de la commission de discipline chargée de lutter contre les pots de vins distribués à tous les échelons du parti.
« Tuer une mouche est plus facile qu’un tigre, mais puisqu'elles sont plus nombreuses il faut d’avantage de persistance » précise le journal. Et d’ajouter :
« Même si les grands procès font plus de bruit et attirent d’avantage l'attention pendant une certaine période, il ne faut pas oublier l'importance du travail anti-corruption au niveau local ».
Procès d'un tigre
Cette allusion est évidemment un clin d’œil au
procès du tigre, celui du dirigeant déchu Bo Xilai, qui sera jugé jeudi prochain pour corruption à Jinan la capitale de la province du Shandong à l’est du pays. Un tigre que souhaitait défendre l’avocat Li Zhuang. Ce dernier a fait deux ans de prison autrefois pour s’être opposé à Bo Xilai lorsqu’il était secrétaire général du Parti communiste de Chongqing.
« Une personne qui se dit proche de la famille de Bo m’a contacté et m’a demandé si j’étais sérieux affirme aujourd'hui monsieur Li
. Selon la loi chinoise, cinq catégories de personnes peuvent participer à un procès en tant que défenseur. Les avocats, les membres de la famille, les amis, et ceux qui sont recommandés par l’unité de travail où l’accusé à travaillé, enfin ceux qui sont recommandés par les organisations sociales. Vu que je n’ai plus ma licence d’avocat, je me suis proposé en tant qu’amis de la famille. Dans la loi, il n’y a pas de définition précise pour ami. Il peut s'agir d'amis de trente ans, comme d'anciens ennemis devenus amis. Trois jours après, il m’a répondu : ‘La famille Bo n’ose pas vous prendre comme avocat. » Li Zhuang continue donc aujourd’hui à défendre les mouches et dit s’attendre à un procès sans surprise.
Les tigres font vivre les mouches
Parmi la liste des avocats refusés dans ce procès, un proche de l’épouse et du fils du dirigeant déchu a lui aussi été débouté dans sa demande. « Les avocats désignés pour ce procès (ndlr : Wang Zhaofeng et Li Guifang du cabinet Deheng) se sont probablement mis d’accords avec le gouvernement au préalable explique Li Xiaolin. Je ne sais pas comment ils ont été choisis, ce que je sais c’est qu’ils ne m’ont pas retenu ». L’article du Quotidien du Peuple est-il dans ce cas la promesse d’un jugement clément ? Rien n’est sûr, mais les internautes ont réagi au ¼ de tour. La chasse aux tigres est loin d'être ouverte avec ce procès dit le journal. Or une grosse partie des commentateurs dénoncent un rapport jugé biaisé. Ce sont les tigres qui sont derrière les mouches et par conséquent les mouches qui font vivre les tigres affirment ces derniers. Ci-dessous quelques extraits lus sur le réseau social weibo ce mardi.
« Il y a un moyen très simples de distinguer une mouche d’un tigre : Il suffit que nos dirigeants publient l’état de leur fortune personnelle ! »
« Vous entendez les mouches, il y a un espoir de survie : Allez donc vivre comme des tigres ! »
« Tant que les tigres ne seront pas morts, les mouches ne cesseront pas de se reproduire »