Et si les Chinois se mettaient au poisson cru ? L’idée terrifie les voisins Coréens et Japonais. Elle pourrait rapidement se réaliser dans un pays où, comme partout, les goûts se mondialisent.
Les températures baissent et les agriculteurs s’inquiètent. Si la production n’est pas vendue rapidement, des centaines de milliers de tonnes de chou vont pourrir. Plus question d’attendre, le légume à grandes feuilles a envahi les trottoirs de la capitale chinoise. Trois yuan la livre autant dire une misère pour celui qui l’a planté. Ils nous refont le coup de la patate ! Les professionnels se plaignent et jurent qu’ils ne s’y laisseront pas reprendre. Le phénomène s’était déjà produit avec la banane en juin dernier, ou encore lors de la crise de la pomme de terre en octobre 2010.
Tous dans les choux !
Même causes, même conséquences… Il y a un an, les cours se sont envolés tirés notamment par la demande sud-coréenne où l’appétit pour le chou chinois frise à la boulimie. A cause des intempéries, la récolte en Corée du Sud a été diminuée de près d’un tiers, autant dire une catastrophe nationale dans un pays ou le chou fermenté est présent à tous les repas. Les prix ont quadruplé, et Séoul a dû faire appel aux importations. Les paysans chinois ont alors planté le légume en masse, résultat aujourd'hui leur production ne trouve plus preneurs.
Savez-vous planter les choux à la mode des Mandchous ? L’histoire peut être déclinée avec le calamar. Les Chinois ne raffolaient guère des céphalopodes autrefois, voilà qu’ils s’y mettent ! Le quotidien Kyunghyang a été jusqu’à parler de « guerre du poulpe » entre pêcheurs Chinois et Coréens. Pareil pour le saumon et le thon dont la consommation augmente régulièrement en Chine depuis 2009. Les Japonais se font du sushi. Un peu facile certes, en même temps il y a vraiment de quoi s'inquiéter. A ce rythme, les réserves de poisson pourraient fondre aussi vite que les neiges du mont Fuji.
Soupe ou dessert
Reste alors le thé, culture commune à ces trois grands pays du nord-est asiatique. Sauf qu'ici aussi la bulle spéculative a de quoi faire réfléchir les producteurs. Dans la province du Yunnan (Sud est de la Chine), la folie du Pu’er il y a deux ans a fait grimper les cours en flèche. Toute la Chine ne jurait alors que par le thé fermenté. Depuis la mode est retombée et de nombreux paysans n’arrivent plus à vendre.
Va-t-il se passer la même chose pour le café ? L’apparition des chaines américaines de café dans les grandes villes a permis de mondialiser les americano, les latte noisette et autres mocha au prix d'un menu au restaurant. La province du Yunnan qui produisait 1 500 tonnes de café en 1988, en a ainsi produit 5 000 cette année. Et les chiffres parait-il, pourrait encore doubler dans les cinq ans. Ce qui fait d'ailleurs penser à la Corée du Sud (et oui encore) il y quelques années.
Au début des années 2 000, la péninsule a vu apparaître des bandes de copines baptisées les « Doenjang yo ». Ces « femmes doenjang » -du nom du ragout traditionnel à base de pate de soja- se contentaient alors d’une soupe bon marché pour le déjeuner. Une manière de tenir la ligne, mais aussi et surtout de s'offrir, grâce aux économies réalisées sur le repas, l'incroyable nouveauté du moment : un café hors de prix dans un verre en carton !
ACTUALISATION DU BILLET :
Le 12 décembre 2011, un capitaine de chalutier chinois a tué un garde côtes sud-coréen lors d'un affrontement en mer jaune à l'ouest de la péninsule coréenne et dans la zone économique maritime de la Corée du Sud. "Les pêcheurs chinois s'aventurent de plus en plus loin des eaux de leur pays afin de répondre à la demande grandissante de la Chine pour le poisson et les fruits de mer" note le Journal Métro à Montréal.
4 avril 2012. Les Coréens raffolent du poulpe comme on a pu le voir dans Old Boy, grand prix du festival de Cannes en 2003. Il sert aussi d'arme fatale aux assassins dans le crime était presque parfait version coréenne.
Le temps de la radio et ses formats sont parfois réducteurs pour raconter une région où tout change tout le temps.
Au travers de ce blog, je vous invite à partager mes rencontres, mes voyages et les 1000 petits riens qui font le quotidien, forcement subjectif, d’un passionné d'Asie.