Corée du Sud : Les fourmis de l'apocalypse

Ça sent le gaz en ce moment en Corée du Sud. Depuis jeudi 21 juillet, les habitants de la côte sud-est du pays se plaignent d'odeurs suspectes et non identifiées. A Pusan, les autorités affirment avoir reçu plus de 200 plaintes à ce sujet. Même inquiétude du côté de la ville de Ulsan, à une centaine de kilomètres plus au nord. Malgré les propos rassurants des scientifiques, de mystérieuses colonnes de fourmis aperçues sur une plage du sud de la Péninsule sont venues remancer les rumeurs. Certains internautes voient l'annonce d'un tremblement de terre.

 

 

La mer qui remue, les aiguilles des sismographes qui s'affolent, puis la terre qui se met à trembler ; c'était le 5 juillet dernier, un séisme de niveau 5 a secoué la ville industrielle d'Ulsan, les secousses ont été ressenties jusqu'à Pusan, la deuxième ville du pays.

Depuis, l'angoisse ne fait que prendre de l'ampleur sur les réseaux sociaux. Ce que redoutent les Coréens c'est le « big-one », un tremblement de terre majeur qui ravagerait des villes entières. Car contrairement au voisin Japonais, la Corée n'est pas préparée à un tel cataclysme. Seuls 27 % des immeubles de la capitale Séoul, et 25, 6 % de  ceux de Pusan sont capables de résister aux éléments déchaînés.

Ceinture de feu

Jusqu'à présent, la Corée du Sud se sentait relativement préservée et épargnée en matière de séisme. La péninsule n'entre pas dans l'alignement des grands volcans de la ceinture de feu du Pacifique et, pour la plupart des scientifiques, le risque d'être confronté à la colère de la terre est infiniment moins élevé que chez les voisins japonais. Pour la plupart des experts, même si les odeurs de gaz restent inexpliquées, elles ne sont pas forcemment annonciatrices d'un futur tremblement de terre.

D'autres cependant sont plus prudents, tel le professeur Son Moon de l'université nationale de Pusan qui s'est exprimé à plusieurs reprises dans les médias ces jours-ci et qui souligne, dans le Huffington Post notamment, que la Corée est soumise a elle aussi connu des tremblements de terre importants sur un cycle de 400 ans. Le dernier remontant au 17ème siècle.

Un  séisme suivi d'un tsunami dans des villes où rien n'a été anticipé, les dégâts pourraient être considérables comme le suggérait le film Haeundae sortit en 2009. Dans Ulsan, surnommée la ville Hyundai parce qu'elle abrite de nombreuses usines du groupe, les enquêteurs inspectent les parcs industriels chimiques et les raffineries de pétroles. Les camions et les bateaux citernes ainsi que les stations d'épuration sont passés au peigne fin. Mais pour l'instant, toujours pas de trace de la source de l'odeur suspecte. Impossible de savoir d'où vient le gaz non identifié.

 

 

Fourmis à la plage

Lees habitants de Pusan craignent notamment une fuite de gaz provenant d'un méthanier échoué, mais pour l'instant aucune disparition de navire n'a été signalée. Certains pensent aussi à des fuites provenant de la centrale nucléaire de Gori et redoutent un scénario à la Fukushima. C'est vrai qu'il y a de quoi s'inquiéter : la centrale en question étant située à... 30 kilomètres de la deuxième ville de Corée !?! Sur sa page Facebook, la mairie a déjà rejeté cette hypothèse. L'inquiétude n'a pas disparu pour autant, d'étranges signes sont même venus renforcer les craintes des cassandres.

Quand l'odeur de gaz est apparue le 23 juillet, des colonnes de fourmis en ont ainsi profité pour envahir la plage de Gwangalli. Le phénomène a été filmé et diffusé sur les réseaux sociaux alimentant la rumeur d'un scénario apocalyptique. Autre signe : Sur la plage de Gyeoje au sud de Pusan, un pêcheur à retrouvé un poisson des grands fonds s'ébattant à la surface rapporte le quotidien Choson. Là aussi le phénomène serait plutôt rare. Le poisson sabre des abysses mesurait 1m70 précise le journal.

Malgré cela, les spécialistes se veulent rassurants: « Si les fourmis se promènent au soleil, c'est qu'elles sont en pleine péridode de fécondité et qu'elles viennent chercher de la nourriture sur la plage explique aux médias un professeur de l'université Pukyong ». « Et alors ironisent les plus sceptiques ? Cela veut dire que les fourmis étaient au régime l'année dernière ? »

Méfiance vis à vis des institutions

Les sismologues ont beau contredire la rumeur, cette histoire de gaz et de fourmis est aussi le signe d'une méfiance croissante de la population vis à vis des autorités depuis le drame du Sewol. Le 16 avril 2014 un ferry sud-coréen disparaissait  avec 300 personne à son bord dont une majorité de lycéens. Une partie de la population ne croit plus les autorités capables de les protéger. Le capitaine du Sewol avait demandé aux passagers du ferry de rester sur le navire jusqu'au bout, « un peu comme le gouvernement nous promet qu'il n'y aura pas de tremblement de terre commentait hier un internaute. »

 

 

Actualisation du billet :

 

JoongAng Ilbo 27 juillet 2016 : Mysterious gaz-like smell causes panic and gov't inquiry

2 Comments

merci
Une partie de la population ne croit plus dans la capacités des autorités à les protége. *protéger

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