23 nov. 2015 - 09:38
Difficile de supporter une telle tragédie, même et peut-être surtout quand on est loin de chez soi. Il y a d’abord, ce réveil brutal. En raison du décalage horaire, les attaques de Paris vous cueillent à l’aube samedi matin en Corée du Sud. « Décalage horreur » serait d’ailleurs plus approprié ici, tant les smartphones vibrent ou plutôt tremblent en apprenant la nouvelle. Le petit oiseau de Twitter frémit des premiers échos du Bataclan, et nous voilà suspendus pour des heures au fil des informations, incrédule face au drame qui se joue à distance.
L’horreur sur les réseaux sociaux
On a beau se trouver à onze heures d’avion de la capitale française, l’horreur parisienne laisse sans voix. Il est déjà très tard ce vendredi soir, 13 novembre, à Paris. On pense immédiatement à ceux qu’on aime. On bombarde les parents de courriels, les amis, les collègues du boulot. La plupart des messages restent sans réponse. C’est normal, c’est normal, c’est forcément normal ; ils sont probablement couchés à cette heure ; on ne va quand même pas prendre le téléphone pour risquer de les réveiller. Alors on tweet comme dirait Stromae ! On tweet et on retweet, tandis que l’insupportable s’épaissit sur les réseaux sociaux. Eux ne dorment pas en cette journée de samedi en Asie, ils bourdonnent tout ce qu’ils peuvent pendant qu’il fait encore nuit à Paris.
Puis, le soir arrive en Corée, le matin du samedi en France. Les e-mails pleuvent enfin : « Hier soir nous étions de sortis, c’est le cauchemar mais tout va bien » ; « Nous étions en province, donc ça va » ; « On était à la maison, tout va bien ». Enfin tout va bien, il faut le dire vite, tous les messages sont traversés par le choc, la sidération. « Et vous alors, tout va bien ? » Il faut à notre tour expliquer qu’on est loin de tout ça, mais qu’on ne pense qu’à ça. Coment d'ailleurs pourrait-il en être autrement, quand on a habité cinq ans sur le boulevard Voltaire et quatre ans à côté du nouveau « Petit Cambodge » – l’annexe du « Cambodge » visée par les tirs vendredi, a repris les murs d’un excellent restaurant japonais du Xème arrondissement dans les rues « asiatiques » du Canal Saint-Martin -. Voir ces paysages quotidiens s’afficher sur les écrans d’une télévision étrangère, à 10 000 kilomètres de chez vous, renforce la gravité de l’instant.
La droite n’a pas le monopole de la sécurité
Il s’est passé quelque chose à Paris, la capitale française est attaquée. « Paris », « Paris », « Paris » : le mot roule dans la bouche du vendeur de pâtés de soja, sur le marché aux poissons et dans les rayons de l’hypermarché. Et partout, des messages de soutien de Coréens anonymes : « C’est triste pour la France, on est avec vous ! » A Pohang, la ville des aciéries dans le sud-est du pays, un scooter clignote en bleu, blanc, rouge. A priori, l'engin n’a rien d'un véhicule de police. A Pusan, encore plus au sud, les serveurs d’un café près de la plage de Gwangali dégainent leur smartphone dès qu’ils apprennent que nous sommes Français. Tous s’empressent de nous montrer leurs profils Facebook tricolore. Le téléphone vibre à nouveau. C’est un copain journaliste du Busan Ilbo, le grand quotidien de la deuxième ville de Corée qui cherche à comprendre ce qui se passe au congrès en France. Un président français de gauche prend des mesures ultra sécuritaires ? On tente d’expliquer que la droite n’a pas le monopole de la sécurité, que les circonstances sont exceptionnelles… Puis on relit ses textos. A l’écran, le message samedi d’un diplomate de l’ambassade de Corée du Sud à Paris : « Je vous présente toutes mes condoléances pour le drame tragique d’hier. Ces actes de terrorisme sont ceux de barbares. Moi et notre pays seront toujours à vos côtés. »
Les réactions aux attentats de Paris ailleurs en Asie :
- A Taiwan, l'horreur sur écran plasma
- A Madurai : Tous concernés par les attentats de Paris
- Chine: Les larmes du dragon ont déjà coulé
- Au Vietnam, #ParisAttacks et ville lumière
- Indonésie : Paris comme en Syrie et en Palestine
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