France/Corée du Nord : Mystérieuses disparitions d'étudiants nord-coréens à Paris

Paris, nid d'espions. On n'est pas dans un film d'OSS 117 et pourtant, les services de renseignements se bousculent ces jours-ci autour du bassin de la Villette et sur les trottoirs de Belleville. Voilà près de deux semaines que dix étudiants nord-coréens en architecture ont disparu du radar. Des agents des deux Corées, ainsi que des limiers français, seraient sur leurs traces. L'un d'entre eux est le fils d'un proche de Jang Song-taek, le régent déchu de Corée du Nord, affirment les médias sud-coréens.

 

La Tour Eiffel agite de nouveau les écrans à Séoul. Les télévisions sud-coréennes qui disposent de correspondants à Paris, ont fait le pied de grue devant le 144 avenue de Flandre, ce mercredi 19 novembre. C'est là que se trouve l'Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Paris-Villette, l'un des deux établissement avec l'Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Paris-Belleville à accueillir des étudiants nord-coréens depuis 2011.

"Han" a disparu

C'est aussi le lieu d'une mystérieusement disparition, il y a un peu plus de deux semaines. Un élève de l'école venu comme ses camarades de la prestigieuse Université Kim Il-sung à Pyongyang s'est volatilisé. Selon l'agence sud-coréenne Yonhap, cet étudiant « a été identifié sour le nom de Han. » Il serait le fils « d'un ancien proche de Jang Song-taek », gendre de Kim Il-sung, beau frère de Kim Jong-il et oncle de l'actuel leader nord-coréen Kim Jong-un. Déchu, puis exécuté il y a un an, Jang Song-taek a entrainé une grande partie de sa faction dans sa chute.

Fuite à l'aéroport ?

Le père de cet étudiant a probablement « fait partie des personnes qui ont fait l'objet de la purge lancée par le régime communiste après que Jang a été jugé coupable de trahison » ajoute l'agence d'état sud-coréenne. Selon les médias sud-coréens, Han a disparu depuis que des « agents de Pyongyang » sont venus le chercher à la sortie de l'école. Ce dernier serait toutefois parvenu à s'échapper à l'aéroport. Et depuis, plus de nouvelles ! La directrice adjointe de l'Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Paris Villette, Caroline Lecourtois, a confirmé que la police française était venue à l'école le 14 novembre expliquent nos confrères de SBS. Han n'est pas revenu en classe depuis quinze jours poursuit la chaîne privée sud-coréenne. Selon la télévision publique KBS, depuis cette date les 10 élèves nord-coréens de Belleville et de la Villette sont introuvables.

"Erasmus" nord-coréen

Où se cachent Han et ses camarades de l'Université Kim Il-sung ? Sont ils-chez des amis, dans les mains de la police secrète nord-coréenne ou au contraire dans celles des diplomates sud-coréens, ou enfin sous la protection des services français ? La seule chose certaine pour le moment c'est que la police s'est rendue sur place pour enquêter. Pour le reste, le mystère reste entier à en croire nos confrères de la chaîne YTN. La présence de ces étudiants à Paris depuis 2011, à l'invitation de la France, n'a jusqu'à présent jamais donné lieu à de grands discours de la part des responsables des écoles chargées de les accueillir, et encore moins des autorités françaises. A lire à ce sujet la remarquable enquête de Street Press sur les « Erasmus » nord-coréens à Paris.

Guerre froide sur les bancs de l'école

Ce n'est en tous cas pas la première fois que des diplomates sud et nord-coréens font la sortie des classes en France. En 1974, une certaine Park Geun-hye, âgée de 22 ans, est étudiante à Grenoble quand des agents aux visages fermés viennent la chercher pour la mettre dans un avion pour Séoul. Une fois à bord, l'actuelle présidente sud-coréenne va découvrir que sa mère, alors Première dame de Corée du Sud, a été assassinée. La guerre froide autour des étudiants nord-coréens semble aujourd'hui se poursuivre à Paris.

 

 

 

 

Pour aller plus loin :

 

En matière d'enlèvements de ses ressortissants, Séoul n'est pas en reste sur Pyongyang. En octobre 1979, l'ancien chef des services renseignements sud-coréens disparait à Paris, quelques jours avant l'assassinat du président Park Chung-hee. Un article paru le 15 janvier 1981 dans le journal Le Monde évoque alors "l'enlèvement" de Kim Hyung-wook sur la base de témoignages  "d'opposants sud-coréens". L'ex patron du contre-espionnage sud-coréen devenu opposant au régime aurait été anesthésié, placé dans un avion cargo de la compagnie nationale sud-coréenne puis emmené sous la "maison bleue", le palais présidentiel en Corée du Sud. Il aurait ensuité été executé par le président Park lui même. Voir à ce sujet le reportage de la chaine sud-coréenne MBC et notamment le passage consacré aux information du Monde à 9 mn30.  
 

 

Actualisation du billet :

 

Le Figaro 20 novembre 2014 Des étudiants nord-coréens disparaissent mystérieusement à Paris

 

Métronews 20 novembre 2014 Mystérieuses disparition d'étudiant nord-coréens à Paris

 

Les Echos 20 novembre 2014 Des espions nord-coréens traquent un étudiant à Paris

 

Le Parisien 21 novembre 2014 Mauvais plan pour l'architecte nord-coréen  

 

Le Monde 21 novembre 2014 Un étudiant nord-coréen kidnappé à Paris

 

AFP 21 novembre 2014 Un étudiant nord-coréen disparait à paris, le parquet ouvre une enquête pour "disparition inquiétante".

 

7 sur 7 21 novembre 2014 Un étudiant nord-coréen disparaît mystérieusement à Paris

 

France Soir.fr 21 novembre 2014 Etrange disparition d'un étudiant nord-coréen de La Villette

 

RFI 21 novembre 2014 Inquiétante disparition d'un étudiant nord-coréen à Paris

 

France Inter 22 novembre 2014 Un étudiant nord-coréen enlevé à Paris ?

 

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