C’est grâce à sa présence en Chine, qu’Airbus dispute aujourd’hui près de la moitié du marché chinois à son concurrent Boeing. Le leitmotiv a été ressassé tout un après-midi auprès des visiteurs du site de l’avionneur européen à Tianjin cette semaine. Un mot d'ordre encore martelé aux journalistes par Eric Chen, le président d’Airbus Chine, devant un appareil de la China Southern Airlines en cours d’assemblage.

 

 

 

Airbus dispose aujourd’hui d’une vingtaine de sites dans neuf mégalopoles chinoises, mais c’est à Tianjin que les choses ont véritablement démarré. Sur le powerpoint, les chiffres pleuvent : "Airbus Tianjin c’est 60 hectares au total, 750 000 m2 d’usines et 30 000 m2 de bureaux !" Très bien, et c’est rentable ? « Cela dépend de ce que l’on entend par rentable répondent en cœur nos guides ».

Concernant la Chine, Airbus voit donc les choses globalement. « Attention, on ne photographie pas les détails » prévient encore le mégaphone, lorsque les objectifs des photographes se tournent vers un ouvrier du site occupé à décorer une aile d'A 320 ! Pas question d’entrer dans les détails, et en tous cas d'effrayer les Français avec un  éventuel transfert de technologies et surtout d’emplois en Chine.

 

D'autant que les craintes ici n'ont pas vraiment lieu d'être. A Tianjin, on ne fait que de l’assemblage et en l’occurrence l’assemblage d'un seul avion pour le moment : celui de l'A320. Le moyen courrier d'Airbus dispose de « trois unités à Hambourg, une à Toulouse et une à Tianjin et les ailes sont fabriquées au Royaume-Uni » souffle un spécialiste du dossier, laissant à chacun le soin de tirer les conclusions sur qui aurait le plus à perdre dans l’histoire. Aujourd'hui, quatre A320 sortent des usines de Tianjin en Chine tous les mois.   

 

 

 

Et il faut donc regarder plus loin que le nez des appareils qui pointent hors des hangars. « Tianjin, c'est un investissement coûteux, mais il faut avoir une vision globale et regarder ce que ça nous rapporte (…) Depuis qu'on a pris la décision de s'installer ici, notre part de marché en Chine est passée de 25% à 50% », souligne le président d'Airbus Chine cité par l’AFP.

 

Au total 160 moyens courriers ont été assemblés à Tianjin, soit moins de 20 % des 1 000 appareils livrés par Airbus à la Chine, « 95 % des avions sont toujours fabriqués en Europe » insiste Eric Chen. L’objectif pour le président d’Airbus étant de passer à 2000 avions en service d’ici à 2020 dans un ciel chinois décrit comme sans turbulence et avec des ventes qui ont commencé à décoller à partir de 2006, soit un an après la décision d’installer l’usine d’assemblage à Tianjin.

 

 

 

En attendant, les 130 expatriés d’Airbus présents en Chine lors des jeux olympiques de Pékin ne sont aujourd'hui plus qu’une poignée. Les derniers vont repartir après avoir transmis leur savoir. Béret toulousain sur la tête, verbe chantant, l’un d’entre eux interpelle le ministre Français des affaires étrangères sur la défense des produits du terroir dont il sera aussi question lors du voyage du chef de l’Etat chinois en France. Xi Jinping sera alors probablement invité à goûter à la charcuterie française arrosée des meilleures crus. De là à parler d'une usine d'assemblage de saucissons dans les environs de Pékin...

 

 

Actualisation du billet :

 

Reuters 19.03.2014 China in Talk to buy at least 150 Airbus Jets