L’image a un petit côté rétro jusque dans le logo de la Télévision Centrale de Chine. Elle illustre dans le même temps la détermination de la deuxième économie mondiale à rattraper son rêve de puissance. La sonde Chang’e 3 s’est posée en douceur et en direct ce week-end sur la lune. Un exploit scientifique et technique, et une démonstration du nouveau soft power chinois.
Voilà longtemps que les dirigeants n’avaient pas serré autant de mains en Chine. Le président Xi Jinping et le Premier ministre Li Keqiang ont attrapé toutes celles qui se présentaient devant eux dimanche au centre des opérations spatiales de Pékin. Ces remerciements manuels et chaleureux sont adressés aux experts qui ont rendu l’exploit possible. Après les Etats-Unis et la Russie, la Chine est en effet le troisième pays capable de poser, sans heurt, un engin sur la lune. Elle y a aussi fait rouler son « lapin de jade » téléguidé. La star, c'est d'ailleurs lui : "Yutu", le rover de l'espace chargé de photographier l’astre céleste sous toutes les coutures et d’en rapporter une poignée de minerais.
Un petit tour pour le robot, un grand bond dans l’espace pour la Chine. Le véhicule à six roues a effectué une dizaine de mètres vers le nord de l'endroit où il a alunit dimanche. Les traces du rover dans la poussière lunaire rappellent ici la célèbre empreinte de moonboot laissée par Buzz Aldrin il y a maintenant... 44 ans ! Clic, clac ! Yutu a commencé par envoyer ses premières images vers la terre. Une fois séparés, l'atterrisseur et le rover vont maintenant vivre leur vie chacun de leur côté. Le lapin robot a pour mission de passer en revue la surface géologique de la lune à une vitesse de 200 mètres par heure, et d'en recueillir les informations pendant trois mois. La sonde procédera de son côté à des examens scientifiques pendant une durée de un an.
Le rover Yutu pris en photo depuis la sonde Chang'e 3 dimanche
Mais avant cela bien sûr, l’atterrisseur a pris soin lui aussi de photographier le départ du robot dans l'immensité des plaines lunaires. « Un appareil photo spécial permet de restituer la vraie couleur du drapeau national » notent les journaux chinois. Car ici c'est le "lapin de jade" qui porte le drapeau ! Faute de taïkonautes sur la lune pour l’instant (la Chine entend y parvenir d’ici à 2020), le robot est également chargé de promener les couleurs du pays au milieu des cratères de l’astre gris. Un dispositif qui réjoui Ma Xingrui : « C’est la première fois qu’on voit le drapeau rouge ailleurs que sur la planète terre a déclaré le chef des ingénieurs sur la mission. Un emblème qui, là encore, évoque celui laissé par les Etats-Unis lors de la mission Apollo 11il y a un demi siècle. Constitué de matériaux spéciaux résistant à des températures oscillants entre -180 et 120 degrés, le mini drapeau rouge de la Chine de Mao est moins grand qu’une feuille de papier A4 parait-il. Mais c'est ici le symbole qui compte.
Fly me to the moon, let me play among the stars... Les Coréens et les Indiens sont aussi lancés dans la course aux étoiles. La Corée du Sud entend ainsi envoyer un robot sur la lune d’ici à 2020.
Côté français, l’artiste Anilore Banon rêve d’envoyer une de ses sculptures sur la lune. L’œuvre fabriquée et testée avec Dassault Systèmes devrait représenter une fleur. L’objectif est de l’envoyer sur l’astre céleste, dans le cadre d’un programme franco-chinois à l’occasion du cinquantenaire des relations diplomatiques France-Chine l’année prochaine.
Le temps de la radio et ses formats sont parfois réducteurs pour raconter une région où tout change tout le temps.
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