Chine : La pollution en chansons

"Ouf, on respire » nous confiait ce mercredi matin la mère d’une amie à Jilin dans le nord-est de la Chine. Les « gens du nord » peuvent reprendre une vie normale après trois jours de pollution extrême. La visibilité est revenue hier mardi après-midi, délivrant des paysages paralysés par un épais brouillard de fines particules, notamment dans les villes de Harbin, Shenyang, Jilin et Changcun. Un « air apocalypse » chanté ce mercredi dans un clip vidéo.

 
 
 
Le « brouillard est né ».  Dans cette vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, la pollution est chantée dans le dialecte du « Dong Bei », la région du « Nord-est » de la Chine. Les images sont tournées en grande partie à Harbin, la capitale de la province du Heilongjiang.   
 

La Cité des glaces engloutie par les brumes

« Avant la Cité des glaces (surnom donné à Harbin) était tellement jolie, les quatre saisons étaient très fraîches ici, mais aujourd’hui on ne voit plus à dix mètres. Tout est blanc et on n’entend que les klaxons des voitures. Je vois les jeunes filles se mettre la main sur le visage. Partout, le brouillard nous entoure et la saleté tombe sur tout le monde »    
 
Harbin et sa région qui étouffent sous des indices de pollution records, c’est nouveau ! Des taux de micros particules de 1000 ont été relevés par endroit, soit plus de quarante fois le seuil critique de l’Organisation mondiale de la santé.
 
Ce qui l’est moins en revanche c'est la pollution de l'air qui touche désormais la plupart des grandes villes du pays. La mégalopole du Nord n’est donc pas la seule à tousser et à chanter.
 
 

Brouillard olympien

 
En 2011 déjà, les Pékinois y allaient à plein poumons sur l’air du tube des jeux olympiques. « Pékin, Pékin » était devenu une sorte d’hymne d’accueil pour les visiteurs des JO de 2008, mais aujourd’hui la capitale est de nouveau noyée sous le gris. Parodie :
 
« On est piégé par le brouillard. Je ne vois que des visages masqués... Qui cherchent dans le brouillard... Qui respirent le brouillard... Qui vivent dans le brouillard... Qui meurent dans le brouillard... Pékin, Pékin… »
 
Il est vrai qu’à l’époque de la chanson il y a donc deux ans, les autorités de la capitale interdisaient encore la publication des taux de micros particules dans l’air. Des « Guerriers du brouillard » -professeurs, avocats, journalistes, militants écologistes-, que nous avions suivi pour RFI luttaient alors contre cette absence de transparence et de manque de donnés concernant la pollution qui enveloppait la ville. Un reportage à écouter ou ré-écouter ICI
 
 

« L’empereur est loin, les pollueurs ne craignent rien »

 

Mais la pollution de l’air n’est pas la seule à envahir les karaokés. La vidéo ci-dessus est intitulée : « l’eau rassurante ». Elle s’en prend au cynisme de certains responsables d’entreprises responsables de la pollution des eaux. Trois quarts des rivières chinoises sont aujourd’hui affectées à divers degrés par des pollutions d’origines industrielles, agricoles et humaines.   
 
« Le cœur des hommes d'affaires a été noircis par l'eau polluée. En apparence, ils payent leurs impôts et créés des emplois, mais ils font aussi beaucoup de mal à la société. Puisque l'empereur est loin, les pollueurs ne craignent rien. Ils rejettent des eaux sales depuis des années, et les gouvernements locaux ferment les yeux » 
 
 

Colère contre un tunnel

 
Cette fois c’est un enfant de 7 ans, probablement poussé par ses parents qui chante sa colère. L’enfant entend casser les oreilles des promoteurs qui ont percé un tunnel à côté de chez lui. Les travaux ont entrainé une intense pollution des terres environnantes. 
 
« Je ne comprends pas pourquoi vous avez choisi ce site. Il y a tant de terrains libres à côté. Est-ce que votre objectif est de tuer toutes les fleurs du pays avec la pollution ». 
 
 
 Stéphane Lagarde on Twitter : www.twitter.com@StephaneLagarde
 

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