22 oct. 2013 - 08:27
La "danse du dragon et de l'éléphant", c'est le titre retenu par le très officiel China News pour décrire cette visite de Manmonhan Singh à Pékin. Un pas de deux entre le Premier ministre Indien et les dirigeants Chinois qui, selon toute attente, devrait conduire, sinon à un rééquilibrage des échanges, au moins à un nouvel accord frontalier.
Ecole du Parti
En attendant, comme chacun sait, le diable se cache dans les détails, et c’est particulièrement vrai pour ce qui concerne la diplomatie chinoise. C’est une petite chose qui n’a pas échappé aux experts du protocole ici. Alors que la plupart des dirigeants étrangers de passage en Chine passent par l’étape obligée du discours devant les étudiants des Universités de Pékin ou Shanghai, le Premier ministre Indien s’adressera aux élèves de l’Ecole centrale du Parti communiste chinois, le « berceau du pouvoir » de la deuxième économie du monde.
Déficit commercial
C’est un « traitement spécial et rare » fait remarquer le commentateur de la télévision hongkongaise Phoenix TV. Il faut dire que les deux voisins ne se rencontrent pas tous les jours. Cela faisait maintenant cinq ans que Manmohan Singh n’avait pas mis les pieds en Chine. A l’unisson de la diplomatie chinoise, la presse officielle salue donc ce matin le coup d’envoi d’une « nouvelle donne régionale ». Pour les Chinois, il s’agit surtout d’obtenir de New Delhi un appui dans les instances internationales, et notamment au Fond Monétaire international, à la Banque mondiale et à l’Organisation mondiale du commerce. Côté Indien, l’objectif est avant tout de tenter de réduire le déficit que l'Inde entretien avec son plus grand partenaire commercial. Ce dernier s’est élevé à 29,83 milliards d’euros en 2012.
"Congruence d’intérêts"
Les deux pays les plus peuplés du monde ont une
« congruence croissante d’intérêts régionaux, mondiaux et économiques » a déclaré le chef du gouvernement Indien avant de prendre son avion pour Moscou dimanche soir. A terme, une partie de
« l’atelier du monde » pourrait aussi être transféré en Inde avait laissé entendre
le Premier ministre Chinois Li keqiang lors de son voyage en Inde en mai dernier, ce qui est déjà en partie le cas pour le textile. La Chine souhaitant de son côté monter en gamme et sortir d’un modèle de croissance reposant sur des exportations à bas coûts.
L'éléphant peine à suivre le dragon dans le Quotidien Urbain (groupe Nanfang)
Escarmouches dans l’Himalaya
Pour ce qui est de l’immédiat et du concret, hors des gros contrats économiques et des investissements chinois attendus par New Delhi, ces trois jours de visite officielle devraient permettre de déboucher sur un accord frontalier. Des escarmouches entre soldats Chinois et Indiens ont éclaté entre avril et mai dernier dans la vallée de depsang. Pendant près de trois semaines, les deux parties ont affirmé que l’autre avait marché sur la ligne de démarcation séparant de facto les deux armées faute d’accord frontalier signé après la guerre de 1962. « Le nouvel accord de coopération et de défense devrait ainsi donner un rôle plus important aux militaires » sur la frontière himalayenne croit savoir le South China Morning Post ce mardi. Avec à la clé : Un « système de communication plus transparent » permettant aux deux parties d’éviter de « nouveaux malentendus » lors des patrouilles. Une manière aussi pour Pékin de se concentrer sur un seul front, celui des mers de Chine.
Stéphane Lagarde on Twitter : www.twitter.com@StephaneLagarde
Actualisation du billet :
AP 23.10.2014 China, India sign border cooperation agreement
AFP 23.10.2013 Accord entre Chine et Inde pour alléger leurs tensions frontalières
Le Figaro 24.10.2013 L'Inde et la Chine jouent l'appaisement
Chine Nouvelle 05.11.2013 La Chine et l'Inde entament des manoeuvres anti-terroriste