Armistice du 27 juillet 1953 : La guerre de Corée vue par un vétéran chinois

C’était il y a 60 ans. Dans un baraquement de la route de Kaesong, qui marque aujourd’hui la séparation entre les deux Corées, le général Nam-il de l’armée populaire de Corée et le lieutenant-général K. Harrisson de l’armée des Etats-Unis signaient l’armistice de Panmunjom mettant fin à trois ans de conflit fratricide. Pas de tampon sud-coréen sur le document. Pas de paraphe chinois non plus, même si la Chine de Mao a envoyé d’innombrables « volontaires » soutenir les troupes de Kim Il-sung. Officiellement, l’intervention chinoise est restée « non officielle » et donc basée sur le volontariat. Nous avons rencontré l’un de ces anciens « volontaires » de l’armée populaire de libération

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Il faut trois heures de bus depuis Nanning dans la province du Guangxi au sud de la Chine, puis encore une heure de chemins cahoteux en direction de la frontière vietnamienne (la « route des dealers » comme l’appellent les habitants de la région), avant d'arriver au village de Xiang Shidian. Appuyé sur sa canne, ce vétéran chinois de la guerre de Corée a conservé le maintien et la coupe militaire. Sa petite maison sommaire vient tout juste d’être restaurée par l’association des anciens combattants chinois qui a facilité le contact. « Asseyez vous dit le vieil homme, nous allons parler de ‘Kang Mei Yuan Chao’ *»

48 télégrammes à Staline

La « guerre de résistance à l’agression américaine et l’aide aux frères Nord-coréens », c’est ainsi qu’on continue d’appeller la guerre de Corée en Chine. Il a fallu 48 télégrammes à Kim Il-sung pour obtenir la permission de Staline de franchir le 38ème parallèle avec son armée le 28 juin 1950. Il a fallu encore plus de persévérance pour persuader les Chinois. Poussé par Moscou, Mao donnera son aval au leader nord-coréen un mois après les Russes.
 
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Dans les premières semaines, la percée nord-coréenne est fulgurante. Les forces sudistes sont en déroute, puis la controffensive des soldats de l’ONU sous commandement américain permet de reconquérir le terrain perdu. C’est là que la Chine va intervenir, car les troupes nord-coréennes sont alors en grand difficulté. 

► Reportage RFI 60ème anniversaire de l'armistice : la guerre de Corée vue par un vétéran chinois 

A l’automne 1950, six armées chinoises franchissent le fleuve yalu. « Nous avions pour mission de tenir le port d’Incheon pour empêcher le débarquement de renforts américains » raconte   Xiang Shidian dans le reportage diffusé ce samedi sur RFI.

Pilote de char

Xiang Shidian était pilote de char. 60 ans plus tard, il a conservé quelques mots de coréen : « Bonjour », « je veux de l’eau », « je ne sais pas ». Et les combats ? "Le plus éprouvant se fut la 'guerre des collines'  dit-il" et particulièrement la bataille de Shangganling (Samggamnyong en Coréen) lors de laquelle les troupes américaines et sud-coréennes ont finit par être repoussées. La bataille a été utilisée à des fins de propagande dans de nombreux films chinois au sortir de la guerre. A l'écho des slogans de l'époque, monsieur Xiang reste d'ailleurs persuadé aujourd'hui que cette « victoire » chinoise a contraint les Américains à accepter la trève du 27 juillet 1953 qui a mis fin à trois ans de guerre fratricide.
 
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Les souvenirs de M. Xiang sont probablement altérés par les années et la propagande. Il ne se souvient plus par exemple des difficultés sur le terrain (cf. reportage ci-dessus), ni même du nombre des victimes. Les unités chinoises ont pourtant été décimées entre 1950 et 1953. Pour Pékin la guerre de Corée a fait officiellement 160 000 morts dans les rangs des « volontaires » de l’armée populaire de libération, mais en réalité le bilan serait beaucoup plus lourd. Certains historiens évoquent près d'un million de morts civils et militaires côté chinois.  
 

 

« Frères nord-coréens »

Xiang Shidian, 94 ans, a fait toutes les guerres chinoises ou presque. Et s’il n’a pas participé à l’attaque de l’Armée Populaire de Libération contre le Vietnam en 1979, il s’est battu contre les Japonais comme l’indique la médaille accrochée à sa boutonnière. C’est aussi un ancien combattant de l’himalaya et de la guerre sino-indienne de 1962. Mais parmi tous ces conflits, la guerre de Corée restera un moment d’engagement particulier. Il s’agissait d’aller soutenir les « frères nord-coréens » rappelle-t-il les yeux brillants et le sourire aux lèvres. Monsieur Xiang en a pour preuve le « bon accueil » réservé aux armées de Mao dans les villages en Corée.  
 
Entrée du village de M. Xiang à la frontière sino-vietnamienne
 
 
« Les Nord-coréens nous donnaient des bonbons et des pains vapeurs » raconte ainsi celui qui plus tard commandera le char de tête lors des défilés militaires du 1er octobre place Tiananmen. Une mémoire sélective, là encore, qui oublie probablement les pénuries de nourriture et un manque de soutien logistique endurés par les « volontaires chinois » à certaines périodes du conflit selon les historiens. Mais la vie est parfois encore plus pénible que la guerre. Monsieur Xiang a perdu sa seconde épouse (« une Pékinoise qui n’a pas supporté la vie au village ») confient pudiquement ses amis avant que nous repartions. Depuis Xiang Shidian est plongé dans ses souvenirs et affirme ne pas suivre les actualités à la télévisions. Ce samedi 27 juillet, les deux Corées célèbrent donc un armisitice, autrement dit une "trève" et non la paix. La Chine a beaucoup changé en 60 ans et la Corée du Nord beaucoup moins ! Qu'en pensez-vous ? "Vous me l'apprenez répond le vieux soldats. J'en suis très triste pour le peuple nord-coréen"  
 
 
 
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* "La guerre de résistance à l'agression américaine et l'aide aux frères nord-coréens" 
 
 
Liens :
 
 

SCMP 28 juillet 2013 China's Korea war veterans still waiting for answers, 60 years on

2 Comments

cette journée de commémoration de 2 corée reste marquait dans leur histoire,mais une confrontation technologique des arsenales militaires et tant donné que la corée du nord est un piyon genant pour l'Israél,le Japon et les occidentaux.raison pour laquelle les nord coréens montrent toujours leur face à travers le defilé tant civil que militaires.

Stéphane, tes photos sont top.