Chine : regarde les porcs tomber

Ce ne sont pas trois petits cochons, mais près de treize mille aux dernières nouvelles ! Voilà deux semaines en effet que des cochons morts refont surface dans le fleuve qui baigne Shanghai et ses vingt-trois millions d’habitants.  Les pêcheurs du Huangpu sont devenus des collecteurs de charognes et les autorités maintiennent que l’eau est aussi transparente qu’un bouillon de crevettes.

 
Depuis le 10 mars dernier, l’office des eaux de la ville de Shanghai effectue tous les jours des prélèvements dans l'eau du robinet. Officiellement, il n'y a pas de trace de contamination dans l'eau diffusée dans les foyers rapporte la presse officielle ce mercredi. Shen Yiyun, le directeur de l’office précemment cité va même plus loin : Ce drnier jure qu'il boit l'eau du robinet tous les matins en se levant. Et là, encore... Pas de mal de tête, pas de diarrhée, rien à signaler ! En même temps, Moniseur Shen ne donne pas non plus d'explications sur l'origine d'une telle hécatombe. Comment ne pas s'interroger ? Après la "soupe de porc au robinet", l'image d'un "gâteau du huangpu" a envahi les réseaux sociaux (cf.image ci-dessus).
 

« Mouches dans la piscine »

Cette affaire est comparable aux « mouches mortes dans une piscine » explique encore un spécialiste agricole délégué par les autorités et cité lui aussi par la presse du jour« C’est écœurant poursuit ce dernier, mais à aucun moment cela signifie que l’eau du fleuve ne s’en retrouve affectée ».
 
Nous voilà donc rassurés ! Mais dans ce cas, pourquoi autant de cochons en décomposition ? Et d’où viennent-ils ? Là aussi, le mystère n’a été que partiellement levé. De nombreux pêcheurs du Huangpu sont devenus, par la force des choses, des pêcheurs de charognes nous disait hier le South China Morning Post. Ces derniers travaillent avec des masques, des pelles et de grands râteaux. Cela n'empêche pas l’odeur pestilentielle mais comme c'est mieux payé et que les cochons infestent la rivière, c'est l'occasion de donner un coup de main.
 
Et donc, les cochons se ramassent à la pelle le long du Huangpu ces jours-ci, et parfois, comme pour le Port-Salut, leur origine est marquée dessus. Des étiquettes sur les oreilles de certains des porcs "flottants" ont ainsi permis de remonter jusqu’à des élevages situés en amont, dans le district de Jiaxin, à une soixantaine de kilomètres de Shanghai raconte l’équipe de France Télévision Pékin. 

 

Circovirus

Le Huangpu est loin d'être un long fleuve tranquille. C’était le 13 mars dernier, les autorités de la préfecture de Jiaxin dans la province du Zhejiang ont d’abord parlé du décès de 70 000 porcs en raison du froid hivernal. Les éleveurs du coin ont l’habitude de jeter les dépouilles directement dans le fleuve, alors… Pour éviter les épidémies, comme d’habitude ils auraient fait plouf, plouf et re-plouf ! Au total, plus de 10 000 bêtes ont fini ainsi à la baille.
 
Sauf que les explications ne collent pas ! Certes les éleveurs préfèrent jeter les cochons à l’eau plutôt que d’avoir à payer l’incinération. Certes il manque de toute façon des équipements sur ce plan. De nouveaux centres de retraitements des dépouilles d’animaux devraient être ainsi construits près de Shanghai écrivait hier mardi le Quotidien du Peuple.
 
Mais alors que dire de ce circovirus porcin retrouvé sur certaine des dépouilles comme le rapporte notamment le correspondant du journal  le Monde à Shanghaï ? Là encore rien de bien méchant disent les autorités, le virus en question ne serait pas transmissible à l’homme.
 

Légende : "Ce ne sont que quelques mouches !" 

 

Cochon fluo

Si le virus est parait-il inoffensif pour les humains (on attend encore le résultat de l’enquête des inspecteurs du ministère chinois dépêchés sur place pour se prononcer), cette baie des cochons crevés fait ressurgir l’ombre qui plane encore sur le secteur agroalimentaire et ses accidents industriels à répétion.
 
Tout est bon dans le cochon ? Pas sûr... Truffée d'antibiotiques, la pauvre bête finit par attraper toutes les saloperies, et termine à la flotte ! Sans compter la malbouffe : Un scandale tel que les lasagnes à la viande de cheval qui a défrayé la chronique en France, est presque banal dans un pays où la sécurité sanitaire est encore balbutiante malgré de nettes améliorations.
 
Ces deux dernières années, on a ainsi découvert dans les assiettes:
 
 
 
 
 
 
 
et bien entendu, du lait à la mélamine qui, comme l’affirme très pertinemment Renaud de Spens dans son Dictionnaire impertinent de la Chine, a achevé d’éroder la confiance de l’opinion dans la parole venue d’en haut. Le Parti Communiste Chinois en tremble encore. 
 
Ce qui explique probablement, la panique et la confusion rencontrée chez les autorités de la province du Zhejiang et de la ville de Shanghai, qui se sont empressées de se renvoyer le cochon avec l’eau du bain forcément.
 
 
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 Dictionnaire impertinent de la Chine, Renaud de Spens.
  
 
 
Actualisation du billet :
 
25 mars 2013 : La fin de la "pêche" aux porcs. La métropole chinoise de Shanghai a annoncé voir enfin le bout de ses opérations de collecte des cadavres de porcs qui, par milliers, ont été déversés dans le principal fleuve de la ville. "Les services fluviaux municipaux ont pratiquement achevé leur tâche de repêcher les cochons morts flottant au fil de l'eau", a indiqué la ville dans un communiqué dimanche soir. Lire la suite ICI...

 

2 Comments

comme en europe, l'opinion chinoise réagit avec colère. à chaque nouveau scandale alimentaire et boycott les produits. on le voit notamment pour les produits laitiers. depuis le scandale du lait à la mélamine, de nombreux consommateurs se tournent vers le lait de hongkong ou étranger

Est-ce que cela a une incidence sur la consommation de viande en général et de porc en particulier, à l'instar de ce que nous pouvons connaitre ou avons pu connaitre en France (vache folle, poulet à la dioxine, lasagnes au cheval...)

Comment les chinois réagissent à ce type de nouvelles ?