Corée du Sud, amende pour délit de fessier

Il flotte un air de guerre froide sur la péninsule coréenne. Manœuvres militaires de part et d’autre du 38ème parallèle, et depuis plusieurs jours Pyongyang et Séoul se bombardent de noms d’oiseaux.  La guerre de Corée aura-t-elle lieu ? En attendant, c’est une autre bataille que mène la Corée du Sud. Le Conseil des ministres vient d’adopter une réforme de la loi de 1963 sur les délits mineurs. Un corps « trop exposé » est désormais passible d’amende    

  
 
La Corée du Sud craint les grosses chaleurs cet été, et cela n’a rien à voir heureusement avec la menace thermonucléaire nord-coréenne. Hier lundi, le Conseil des ministres a donc validé une réforme adoptée par l’assemblée il y a tout juste un an. Objectif : Renforcer le dispositif répressif de la loi de 1963 concernant les délits mineurs et notamment la publicité mensongère, le harcèlement téléphonique, le harcèlement tout court ou encore la vente au marché noir. 

50 000 wons d’amende

Mais les internautes, commes les médias se sont surtout focalisés sur le délit d’exhibition. Désormais un corps « trop exposé » se verra infligé une amende de 50 000 wons (35 euros) selon le texte révisé. Ici, ce n’est évidemment pas le montant de l’amende qui fait débat, mais bien son objet. Les internautes rappellent que la législation en question remonte à l’époque du dictateur Park Chung-hee, artisan du miracle économique coréen pas vraiment fan des yéyés. Depuis, la loi n’avait certes jamais été remise en cause mais tout le monde l’avait oublié. Et voilà que la transgression des corps revient, alors que la fille de l’autocrate a été élue à la tête du pays cet hiver ! 

Too sexy for my skirt

 
 
Outre la polémique politique, il y a aussi des interrogations beaucoup plus pragmatiques, pour ne pas dire mathématiques : Qui va en effet mesurer l’objet et donc la taille du délit ? La police coréenne devra-t-elle circuler avec un mètre dans la poche ? Quels critères pour définir un "corps trop exposé" se moquent les medias et les internautes (cf. images ci-dessus) ? Déjà les stars de la Kpop craignent le délit de fessier. La « Madonna coréenne » Lee Hyori en est toute retournée : « Si on doit payer des amendes pour ça, comment je vais travailler » s’interroge la chanteuse ? Nancy Lang, la reine des performances en Bikini, s’en amuse au contraire et interpelle la maréchaussée sur twitter : « Attrapez-moi si vous pouvez ! ». Bon évidement, la loi ne dit rien sur l’épaisseur du silicone, les kilos de botox ou la longueur du bistori utilisé pour se refaire la plastique. La chirurgie esthétique est, il est vrai, une véritable industrie en Corée. 

Révolution de talon

 
On rigole, on rigole mais en France, il n’y a pas si longtemps que les Parisiennes sont autorisées à porter la culotte. Jusqu'au 31 janvier 2013, les Parisiennes n'avaient pas le droit de porter de pantalon, sans contrevenir à la loi. Le ministère des droits des femmes a dû abroger -de façon implicite- l'"ordonnance concernant le travestissement des femmes” qui leur faisait encourir, depuis plus deux siècles, l'emprisonnement. Comme la loi de 1963, l’ordonnance du Préfet de Police du 17 novembre 1800 était toujours en vigueur, mais oubliée depuis longtemps. En Corée du Nord, la révolution de talon et du pantalon serait venue du dirigeant Kim Jong-eun lui même. Le pantalon est autorisé pour les femmes depuis... 2011 ! Avant cette date, il n’était toléré que pour les ouvrières ou les paysannes travaillant à l’usine et aux champs.  Le leader nord-coréen est visiblement une victime de la mode. Probablement influencé par sa jeune épouse, il a dernièrement autorisé le port des chaussures à talons et des boucles d’oreilles.    
 
 
 
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A lire ailleurs : Au Canada, taille de la jupe et sexisme dans le Huffingtonpost 
 
A lire avant : Les jupes des étudiantes dans le collimateur des autorités de la province de Ganwon (Corée du Sud) dans Aujourd’hui la Corée 
 
A lire bien avant encore : Molière
 
Tartuffe / « Ah ! Mon Dieu, je vous en prie,
Avant que de parler prenez-moi ce mouchoir. »    
 
Dorine / « Comment ? »
 
Tartuffe / « Couvrez ce sein que ne saurais voir :
Par de pareils objets les âmes sont blessées,
Et cela fait venir de coupables pensées »
 
 
A lire en Chine  : Un collège souhaite que les élèves assistent aux cours en Qipao la robe traditionnelle chinoise en soie. Lire sur le site Nanfang.com

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l'élection d'une femme autoritaire à la tête de la corée du sud se retourne contre le peuple...