Au pays de l’harmonie, la police n’est pas sensée intervenir puisque toutes les minorités vivent officiellement en bonne amitié. Si la force publique est amenée à le faire, c’est donc officiellement pour empêcher des « terroristes isolés » de nuire à la collectivité comme le rappelle régulièrement la propagande au Xinjiang ou encore aujourd’hui sur les plateaux tibétains.

Nous étions donc ici dans le scénario de l'agresseur-agressé. Le vendeur arnaqueur aurait abusé de son client qui se serait retourné contre le marchand de sucre. C'est en tous cas ce que laissait entendre les policiers avant de se rétracter ce mercredi. La police de Yueyang dans la province du Hunan (centre) a en effet formulé ses excuses sur son compte officiel weibo (twitter chinois). Le poste a aussitôt été effacé, mais les internautes ont eu le temps de faire des copies écran (ci-dessus).

Car c’est au départ un message de ce même commissariat de Yueyang, publié sur le forum Sina Weibo lundi 3 décembre, qui a mis le feu aux poudres. On y lisait qu’un incident avait éclaté le 21 novembre dernier entre un vendeur de « Qiegao » et son client. Les deux en seraient venus aux mains, mais avec au final seulement quelques égratignures. Le problème c'est donc le "qiegao", la fameuse spécialité ouighour !  Le client a été arrêté expliquaient en effet les policiers lundi dernier, et 16 ouighours ont été renvoyés dans le Xinjiang après avoir obtenu.... 160 000 yuans de dédommagements (près de 20 000 euros) pour le gâteau renversé !!  

Cela fait évidemment très cher le kilo ! Le message a suscité une avalanche de commentaires sur la toile. Les internautes se moquant du prix de la pâtisserie, d’abord sur le mode de l’humour : « Combien de carats le Qiegao ? » « Les Etats-Unis vont rembourser leur milliards de dollars de dette avec 100 kilos de Qiegao ». « A la bourse de Shanghai (voir graphisme ci-dessus) un Qiegao vaut 833 actions de Maotai (alcool de riz), 18 454 actions de la China Petroleum et 41 025 actions de la première banque chinoise ICBC ».

Puis la plaisanterie a vite tourné à la rancœur avec des reportages dénonçant les arnaques supposées des vendeurs de « Qiegao ». Chacun y allant de son anecdote à propos des vendeurs et d'embrouilles sucrées, vécues ou racontées, se terminant toujours par une facture très salée .