C’est une « affaire internationale » plaisantaient ce jeudi les internautes chinois à l’ouverture du plus grand procès politique depuis la chute de la "bande des quatre" il y a trente deux ans : « Le procès d’une Singapourienne qui a tué un Anglais pour protéger un Américain, un meurtre dévoilé par un Chinois aux Américains. »
La plaisanterie a toutefois été de courte durée et le procès vite expédié. L'une des affaires politiques parmi sinon la plus importante de ces trois dernières décennies a ainsi été jugée en 7 heures, avec un acte d'accusation lu en 7 minutes. Un "record olympique" ironise le National Post et dans un tribunal "trop petit" pour accueillir la presse étrangère.
Tribunal XXS
Douchés par la pluie, les journalistes étrangers sont pourtant venus nombreux à Hefei. Et tous évidement n'ont pas pu accéder à l’audience! Motif invoqué : Il n’y aurait pas assez de bancs disponibles dans un tribunal qui dispose pourtant de plus de 400 places raconte Tania Branigan du Guardian.
Les micros resteront sur leur faim. Impossible en effet d'obtenir des infos auprès des deux diplomates Britanniques présents à l'audience, les émissaires de l'ambassade du Royaume-Uni se contentant de renvoyer au communiqué officiel explique le WSJ.
Une silhouette plus épaisse
L'audience se tient donc à guichet fermé mais devant les caméras de la télévision centrale de Chine, afin d'éviter les critiques sur le manque de transparence. Comme la presse officielle le ressasse depuis déjà plusieurs heures : "Ce procès doit être exemplaire".
Dans le box des accusés : Gu Kailai, 53 ans. Depuis quelques jours, les médias chinois disent aussi Bo Gu Kailai, une manière probablement d'insister sur son mariage avec l’ancien chef du Parti communiste de Chongqing, l'étoile rouge déchue Bo Xilai.
Avocate et femme d’affaire, Gu Kailai a été décrite comme une Jacky Kennedy à la Chinoise issue de "l'aristocratie rouge" -cf portrait de Libération-. Aujourd'hui, la silhouette s'est épaissie suscitant les railleries des internautes sur le réseau social weibo : "Ce n'est pas elle, ils ont utilisé un sosie !"
Gu Kailai est là pourtant, debout face au juge et devant les caméras de CCTV 13. "Elle ne porte pas les habits des prisonniers remarquent alors les défenseurs des droits de l'homme, espérons que ce soit le cas à l'avenir pour tous les prévenus".
Avec son employé de maison Zhang Xiaojun, Gu Kailai est co-accusée du meurtre de Neil Heywood, 41 ans, consultant britannique et ancien proche de la famille.
Empoisonné dans son vomi
Comme souvent dans ce genre de procès politique, la procédure se résume à la lecture de l’acte d’accusation. 7 petites minutes en tout et pour tout dont Chine Nouvelle s'empresse de diffuser les grandes lignes : « Le 13 novembre 2011, Bogu Kailai a rencontré Heywood dans sa chambre d'hôtel pour prendre un verre. Après qu'Heywood soit devenu ivre, il a vomi et il a demandé de l'eau. Elle a mis le poison qu'elle avait préparé et que Zhang avait amené à la chambre d'hôtel dans la bouche de Heywood, ce qui a conduit à la mort de Heywood »
Gu Kalai "n'a pas contesté" l'assassinat
7 minutes pour l'acte d'accusation, 7 heures de procès et 7 ans de réflexion. Car au final, il reste une grande part de mystère dans cette affaire et une montagne de questions. "Elle cache peut-être aussi une incroyable opération des services spéciaux britanniques" écrivait Ursula Gauthier, correspondante du Nouvel Observateur, le 1er juin dernier.
Parmi les premiers enseignements à retenir de l'acte d'accusation, il y a bien sûr ces déclarations selon lesquelles les accusés n’auraient pas contesté « avoir prémédité le meurtre ». On apprend aussi que la victime Britannique porterait « une certaine part de responsabilité » selon le vice-président du tribunal dont les propos sont rapportés notamment par notre consœur Tania Branigan l'envoyée spéciale du Guardian à Hefei.
"Bogu Kailai et son fils surnommé Bo ont eu un conflit avec Neil Heywood à propos d'intérêts économiques. S'inquiétant de la menace que faisait peser Neil Heywood sur la sécurité de son fils, Bogu Kailai a décidé d'assassiner Heywood" précise encore la dépêche de l'agence Chine Nouvelle.
"You will be destroyed !"
L'argent serait ici encore le nerf de la guerre et le mobile du crime. L'argent et la menace. Selon le Washington Post, Neil Heywood aurait été ruiné par un projet immobilier proposé par Bo Guagua. Fou de rage, le Britannique a envoyé un email au jeune Bo : "You will be destroyed !"
La suite, on l'a connait : Neil Heywood quitte Pékin pour un rendez-vous que lui a fixé Gu Kailai dans un hôtel de la ville rouge. La dame de Chongqing l'attend en compagnie de son employé de maison. C'est ensuite la trilogie meurtière décrite par les enquêteurs : Le thé, l'alcool, puis le "poison versé dans la bouche".
"Tu seras détruit !" Les mots reviennent également sous la plume de Brice Pedroletti. Le correspondant du Monde a lui aussi fait le pied de grue sous la pluie devant le tribunal de Hefei. Notre confrère n'a perdu son temps, dans l'après midi il publie les révélations qu'il a obtenu d'une source officielle anonyme. Une gorge chaude qui précise le rôle tenu par Wang Lijun dans cette affaire.
"Si tu ne me donnes pas 13 millions de livres, tu seras 'détruit'"
Voilà ce qu'aurait déclaré "l'Anglais", selon la source du journal le Monde: "Ces menaces sont apparues sous la forme d'une lettre (ou d'un courriel ou d'un message), envoyée par Heywood à Bo Guagua. Celui-ci l'a transmise à sa mère, qui s'est sentie menacée". Est-ce alors que celle-ci a fait appel à Wang Lijun ? Au procès, l'accusation a présenté les éléments d'un projet préalable pour tuer Heywood :"Il y a même eu un plan conçu par Wang Lijun, et par Xu Ming [le milliardaire de Dalian, patron du groupe Shide]. L'idée était que Xu Ming appelle depuis Pékin et prévienne qu'un gros dealer de drogue allait être à Chongqing. [Puis que lors de l'opération de police], Heywood soit tué car il a refusé de se rendre. Ce plan n'a pas été réalisé."
► L'article de Brice Pedroletti est à lire dans son intégralité en cliquant ICI.
Affaire pliée
De toute façon, le procès ne change pas grand chose au sujet. Chacun sait ici que l'affaire est déjà à moitiée pliée.
En Chine contrairement aux tribunaux américains et européens, la présomption d’innocence disparait dès qu’on franchit les portes de l’audience. La preuve de l’innocence doit se faire avant le procès lors de l'enquête. Une fois dans le tribunal tout est quasi joué explique Donald Clarke professeur de droit à l’Université George Washington cité par Bloomberg.
Ai Weiwei critique la procédure
Le pouvoir Chinois craint les « rumeurs propagées par les médias étrangers » disait Xinhua en avril dernier. Le procès se doit toutefois d'être "exemplaire" répète encore une fois la presse officielle, à l'image du célèbre Bao Qingtian (Bao Zheng), juge de la dynastie des Song né à Hefei et réputé pour son intégrité.
Dans ce cas pourquoi la défense n'a pas ou peu eu accès aux éléments de l'enquête critique l'artiste Ai Weiwei , quand d’autres estiment dans USA Today que ce procès sert surtout à éviter que le scandale ne rejaillisse sur le PCC lui même.
Et concernant la blague des internautes ? En dépit des plaisanteries sur le web, rien n'a filtré sur la nationalité de l’accusée. Rien ne dit donc qu’il s’agit d’une affaire « internationale » ni d'une « Singapourienne – Gu Kailai ne serait plus chinoise selon certains internautes sans avoir la moindre preuve de ce qu'ils affirment- qui a tué un Anglais –Neil Heywood- pour protéger un Américain –d'autres internautes affirment également que le fils de Gu Kailai qui poursuit ses études aux Etats-Unis aurait pris la nationalité américaine ce qui là aussi reste à prouver-. Un meurtre dévoilé par un Chinois –Wang Lijun, l’ancien bras droit de Boxilai- aux Américains »
Verdict dans 10 jours
Seule cette dernière assertion est exacte. Le meurtre de Neil Heywood serait probablement en effet resté un "accident" si Wang Lijun n’avait pas tout déballé au consulat américain de Chengdu en février dernier.
On attend donc maintenant le verdict. Il devrait tomber un mois après la mise en inculpation annoncée le 26 juillet, soit dans dix jours maintenant.
Gu Kailai risque la peine de mort, une peine qui risque très probablement d'être commuée en prison à vie.
Vendredi 10 août 2012 Pour la deuxième journée d'audience, 4 chefs policiers sont sur le banc des accusés ce vendredi à Heifei : Guo Weiguo, Li Yang, Wang Zhi et Wang Pengfei. Ces quatre haut fonctionnaires de la police de Chongqing sont accusés d'avoir violer la loi pour protéger des intérêts privés.
Selon le site Boxun aux Etats-Unis, Wang Lijun aurait envoyé ces 4 policiers enquêter sur le meurtre du Britannique. Gu Kailai et Zhang Xiaojun sont alors apparus comme les principaux suspects. Wang Lijun aurait été « horrifié » de sa découverte dit Boxun. Gu Kailai lui aurait téléphoné pour lui confirmer l’assassinat.
Wang Lijun a prévenu Bo Xilai, ce dernier lui affirmant qu’il n’était pas au courant. Le ton est monté. Le secrétaire général du PCC de Chongqing aurait alors giflé le premier flic de la ville rouge. Wang Lijun a ensuite demandé à Wang Pengfei, Wang Zhi, Li Yang et Guo Weiguo d’écrire une lettre de démission commune afin de contester les pressions sur l'enquête.
Sous la pression justement, Wang Zhi, Li Yang et Guo Weiguo auraient cédé au clan Bo affirmant que Neil Heywood est mort suite à une surconsommation d’alcool. Mais Wang Pengfei serait lui resté fidèle a Wang Lijun. Il aurait même conservé un échantillon de l’Anglais prouvant l’empoisonnement. Wang Pengfei aurait ensuite fournit une voiture à son patron pour se rendre au consulat américain de Chengdu.
Gu Kailai aurait alors séquestré Wang Pengfei pendant 43 jours, cherchant a constitué un dossier de corruption contre Wang Pengfei. Selon un policier de la province de l’Anhui qui s’est confié à Boxun. Le tribunal aurait assez de preuves à charge contre Guo Weiguo, Li Yang et Wang Zhi mais pas contre Wang Pengfei.
Vendredi 10 août 2012 Selon le South China Morning Post qui cite des sources officielles, le procès de Wang Lijun devrait se tenir la semaine prochaine à Chengdu
Samedi 11 août 2012 Neil Heywood et Gu Kailai aurait été menacé par des ninjas assassins à Bournemouth confie l'ex garde du corps du consultant britannique au Mirror
Dimanche 12 aout 2012 Le procès ne donne qu'une approche que très partielle des eaux troubles dans lesquelles nageait le clan Bo. "La seule chose qui ait été vraiment prouvée, c'est qu'il est très dangereux de nager en compagnie des requins politiques en Chine" explique le Daily Telegraph qui dresse une liste des nombreuses questions en suspend.
Mardi 14 aout 2012 "L'affaire Gu Kailai, l'arbre qui cache la forêt mafieuse" (Courrier International)
Lundi 20 août 2012. Gu Kailai est condamnée à la peine de mort avec deux ans de sursis par le tribunal de Hefei. C'est la même peine que pour Jiang Qing, la dernière épouse de Mao, lors du procès de la "bande des quatre" en novembre 1980 dont les audiences avaient également été diffusées à la télévision.
Deux ans avec sursis, le temps de la repentance... Gu Kailai sait alors qu'elle vient déchapper à la peine capital. Après une peine probatoire de deux ans, sa peine devrait en effet être commuée en prison à vie. Debout devant les juges, veste noire et chemise blanche : "C'est un verdicte juste qui respecte la loi, les faits et surtout la vie" dit-elle sur les images de la télévision centrale de Chine, l'un des seuls médias autorisé a assisté à l'audience (RFI 20.08.2012).
C'est une chose bien connue que le personnes que sont accusèes d'affaires criminels, sont retenues coupables même avant d'être jugèes davant un tribunal competent, et que les avvocats ne dise pas un mot en defence. Ca on sait. Le nouvautà consiste que un membre de la Partie Communiste est posèe davant le tribunal. Avant, même si ètions coupable de le chose le plus atroce, un membre de la Partie, non pouvait pas toucher. Pourquoi cet échangemente? Pour statuer un éxemple pourche le monde peut voir la Chine comme un pays démocratique? Elle est seulement une femme. Pour détruire un homme que bien régne dans la Partie, il faut détruir ce che lui est plus présieuse: son amor.
En quelques mots
Le temps de la radio et ses formats sont parfois réducteurs pour raconter une région où tout change tout le temps.
Au travers de ce blog, je vous invite à partager mes rencontres, mes voyages et les 1000 petits riens qui font le quotidien, forcement subjectif, d’un passionné d'Asie.
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C'est une chose bien connue que le personnes que sont accusèes d'affaires criminels, sont retenues coupables même avant d'être jugèes davant un tribunal competent, et que les avvocats ne dise pas un mot en defence. Ca on sait. Le nouvautà consiste que un membre de la Partie Communiste est posèe davant le tribunal. Avant, même si ètions coupable de le chose le plus atroce, un membre de la Partie, non pouvait pas toucher. Pourquoi cet échangemente? Pour statuer un éxemple pourche le monde peut voir la Chine comme un pays démocratique? Elle est seulement une femme. Pour détruire un homme que bien régne dans la Partie, il faut détruir ce che lui est plus présieuse: son amor.