Fini de se ronger les bambous à Chengdu (prononcer chengdou), les deux pandas géants prêtés par la Chine au zoo de Beauval ont quitté ce matin la province du Sichuan pour Paris par vol spécial... à 7 dans un 777 !
Du panda à midi, le soir et même très tôt le matin. Impossible d'y échapper ce week-end au trésor national chinois. A Chengdu, la capitale de la province du Sichuan dans l'ouest de la Chine -célèbre à la fois pour sa cuisine épicée et ses pandas-, c'était donc l'heure des adieux. Au risque de frôler l'overdose, voici le chouette petit film sur Huan Huan la femelle et Yuan Zi le mâle réalisé par le centre de préservation des pandas
A 7 dans un 777 !
Dès 5h30 ce dimanche matin, ils sont une petite dizaine sur un parking de l'aéroport de Chengdu a avoir enfilé le couvre-chef "panda" qui fait fureur auprès des touristes. L’arrivée des caisses blanches transportant les deux quadrupèdes est alors saluée par la traditionnelle banderole rouge des adieux (cf image ci-dessous). On ne sait pas d’ailleurs si ces portes-banderoles étaient des « volontaires » de la ville ou des employés de la multinationale américaine chargée de transporter Huan Huan et Yuan Zi et dont le logo est alors visible partout, sur les peluches panda, sur les K-way panda et même sur le gros avion à panda.
Impossible, là encore, de le louper cet avion cargo flambant neuf dont le portrait d'un -je vous laisse deviner- a été peint sur le fuselage près du cockpit . Parmi les plus gros avion cargo au monde, le Boeing 777 peut transporter jusqu'à 550 passagers. Ce matin ils étaient 7 à bord pour accompagner nos deux ursidés : le directeur du zoo de Beauval, 3 soigneurs chinois et 3 pilotes aux tempes grisonnantes. Parmi eux, Paul E Cassel le vice-président des opérations de vol chez la mutinationale du transport que nous venons d'évoquer. La biographie sommaire distribuée aux journalistes sur le tarmac laisse songeur et montre combien certains ont des vies passionnantes. Avant le voyage d'aujourd'hui, ce pilote américain chevronné avait déjà participé à deux convois de pandas. Il a aussi transporté 13 rhinocéros de Johannesburg à Disney World, 300 porcs du Yorkshire depuis le Royaume-Unis jusqu’au Canada et 24 chevaux de traits de Pologne en Irlande.
Bilan carbone
Quel bilan carbone pour les pandas ? Ce genre de réflexion vous fera probablement passer pour un être sans cœur dans les dîners en ville. A voir pourtant la taille de l'avion ce matin, et celle des conteneurs à panda à peine plus hauts que les roues de l'appareil, certains ont fait les yeux ronds. L'étonnement a aussitôt disparu à la vue des caisses à panda. Oubliez les litres de kérozènes dépensés lors du transport !
Photo SL
Si la cage de Yuan Zi est vide, ce matin les petits yeux et le museau des "ours chats" comme disent les Chinois ont fait fondre tout le tarmac. Même chose d'ailleurs dans la zone de quarantaine du centre de reproduction de Chengdu où Huan Huan et Yuan Zi attendaient le départ (cf photos ci-dessous).
Shorti panda
Une nouvelle fois la Chine a démontré combien elle était attachée à son trésor national. La pandamania se déclinant ici à toutes les sauces et jusqu'aux "shorti panda" dont vous pourrez voir le défilé sur le site Ministry of Tofu.
Des pandas qui en dehors du marketing sont aussi des "usines à bouffe" selon Marie-Claude Bomsel du Museum national d'Histoires naturelles qui a fait le dépacement jusqu'en Chine. Nos deux petites boules de poils rejettent en effet 80 % de ce qu'elles ingurgitent. Mais on ne fait pas que manger heureusement. Entre deux bambous, il y a aussi de la place pour les roulades et les papouilles. Ca marche à tous les coups : cromignons ces deux là ! Pékin l'a bien compris et en a fait l'un des arguments majeurs de son soft power.
Cérémonie d'adieu
Un ours blanc et noir, aux couleurs du yin et du yang et qui mange de l’herbe ?! La chose avait de quoi étonner le Père David. Ce missionnaire lazariste est le premier zoologiste et botaniste Français à avoir ramené, en 1869, la peau d’un panda au Museum National d’Histoires Naturelles à Paris. Marie-Claude Bomsel, autre célébrité du muséeum, est retournée en Chine un peu plus d'un siècle plus tard. 1973 ! Zhou Enlai offre une paire de pandas à Georges Pompidou. La docteur vétérinaire emmène alors le couple non pas en avion cargo mais dans le compartiment des premières classes d'un avion de ligne. A l'arrivée, les soigneurs de Vincennes découvriront "l'erreur" chinoise : il s'agissait de... deux mâles !
Depuis 1984, c'est la fin des cadeaux diplomatiques. La Chine ne donne plus ses pandas. Elle les prête dans le cadre d’un accord de coopération pour la préservation de l’espèce. Autrement dit, pour obtenir la star des zoos il faut payer. Le montant du chèque reste tabou. Les Chinois cultivent la plus grande opacité sur l’accord souhaitant probablement garder la main pour les prochaines négociations. Les cérémonies officielles se poursuivent en revanche à chaque départ. C'était le cas déjà pour les pandas d'Edimbourg en décembre dernier, ce fut le cas encore ce samedi pour Huan Huan et Yuan Zi.
Le temps de la radio et ses formats sont parfois réducteurs pour raconter une région où tout change tout le temps.
Au travers de ce blog, je vous invite à partager mes rencontres, mes voyages et les 1000 petits riens qui font le quotidien, forcement subjectif, d’un passionné d'Asie.