10 nov. 2011 - 18:45
« Tout est calme, nous ne recevons plus ni textos, ni coups de téléphone. Il y a seulement une voiture aux vitres fumées qui passe de temps en temps » nous confiait ce jeudi l’écrivain Yan Lianke. L’auteur de Bons baisers de Lénine, le rêve du village Ding, ou encore de Les jours, les mois les années (tous traduits en français chez Philippe Picquier) semble donc pour l'instant épargné par les démolisseurs.
C'est la Lettre d’Asie de Brice Pedroletti qui nous a alerté fin septembre. Aussi primé que censuré dans son pays, Yan Lianke s’apprêtait à connaitre ce que des millions de Chinois vivent dans un pays en construction.
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RFI 25 octobre 2011. La bonne nouvelle n’est donc que provisoire. Les pluies de textos qui harcelaient les résidents se sont arrêtées pour le moment. On aurait presque envie de chanter :
C’était un petit jardin
Qui sentait bon le quatrième périph' de Pékin
C’était un petit jardin
Avec deux arbres, un théier et un orme nain
Nous avons été voir Yan Lianke par une fin de matinée d'octobre. La pluie venait de foncer un peu plus le feuillage de ce petit bois sauvage de la banlieue sud de Pékin. C'est là que se trouve le lotissement de l'écrivain. Le rouge des images de l'Iphone de mon assistante, donnant aux résidents une peau cuivre "indien" et au lieu une tonalité surnaturelle.
En juillet, les résidents ont appris qu'une nationale devait passer par leurs terrains.
Environ une cinquantaine de maisons ont été construites il y a trois ans, le long d’une voie ferrée uniquement réservée aux convois de l’armée
Depuis l’avis de démolition en juillet, une dizaine de maison ont déjà été détruites
Les banderoles des démolisseurs ont été mises à terre
Déterminés à résister jusqu’au bout, les résidents ont créé leur propres slogans : « Luttons contre la corruption, nous défendrons nos maisons avec notre sang »
Le rêve d'une vie pour le voisin du numéro 11. Cet ancien chauffeur a placé toutes ses économies dans sa maison.