Jin Liqun n’est pas un Chicago Boys, mais il parle comme Alain Minc. Pour le Président du fond souverain chinois, l'Etat-providence et « l’indolence » des Européens seraient à l’origine de tous les maux du vieux continent.
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Cela vient du cœur et cela a au moins le mérite d’être clair : « Les troubles qui se sont produits dans les pays européens résultent uniquement de problèmes accumulés par une société en fin de course, vivant d’acquis sociaux » affirme le responsable chinois des achats des obligations européennes dans une interview accordée dimanche à nos confrères d'Al Jazeera.
Les fainéants du sud de l'Europe
Les Espagnols, les Grecs, les Italiens, les Portugais et les Provençaux n’ont qu’à bien se tenir : « Pourquoi est-ce que les habitants de certains pays de la zone euro devraient travailler jusqu’à 65 ans et plus, alors que dans d’autres pays ils prennent aisément leur retraite à 55 ans et se prélassent sur la plage ? »
Jin Liqun est né avec la nouvelle Chine de Mao, mais il semble partager le crédo des plus libéraux aux Etats-Unis, ce qui fait d'ailleurs sourire l’intervieweur d’Al Jazeera.
►La leçon commence à 12 mn 45 sur la vidéo ci-dessous:
L'Etat providence attendu en Chine
Papa Mambo, on est foutu, on mange trop ! Et pendant ce temps là, l’Etat-providence tente.. une perçée en Chine ! Les entreprises étrangères sont invitées à changer de mentalité. Les compagnies chinoises aussi du reste. Il faut renforcer l'environnement social et la qualité des emplois pour upgrader la croissance indiquait récemment un rapport officiel relevé par l'agence Chine Nouvelle. 21 régions ont par ailleurs augmenté le montant du revenu minimum l'an passé affirme le Quotidien du Peuple.
Certaines entreprises trouvent que c'est cher. Elles ont du retard dans le versement des salaires note The Economist. D’autres délocalisent dans le grand ouest chinois où la main d’œuvre reste meilleure marché.
Revendications salariales sur la côte-est
Les ouvriers de la côte-est auraient-ils tendance à se prélasser sur la plage ? Ils ne font en réalité que réclamer un salaire à la mesure de leur contribution au développement du pays. Une hausse du niveau de vie lié au développement à marche forcé de la Chine ces trente dernières années que semblent regretter certains patrons de la cote-est justement.
A Qingdao, nous avons rencontré il y a peu des marchands de tissus se plaignant de la hausse des salaires et du coût des matières premières responsables selon eux de la chute des commandes. « A la fin des années 1990, on payait 700 yuans par mois des salariés qui travaillaient quatorze heures par jour. Aujourd'hui il faut leur donner près de 3.000 yuans pour huit à dix heures de travail quotidien » confiait un fabricant de jouets du Guangdong aux Echos ce matin.
Les millionnaires chinois rêvent d'ailleurs
En attendant l'envolée de la demande intérieure et du "made for China" attendus par le Boston Globe -la ville où M. Jin a fait ses études-, les plus riches trouvent que le welfare state chinois ne pousse pas assez vite. Les millionnaires rêvent de changer d'horizon pour sécuriser leurs biens, mais aussi parce qu'ils sont attirés par la qualité de vie et le système éducatif occidentaux expliquait récemment le Figaro.
►Plus de 7 000 salariés d'une fabrique de chaussures Adidas, Nike et New Balance du sud de la Chine ont pendant ce temps là fait grève à la mi novembre contre des licenciements et des réductions de salaires. Les affrontements avec la police ont fait plusieurs blessés. Les salariés ce sont mis en grève suite au licenciement de dix-huit de leurs cadres vu comme le signe de la prochaine délocalisation des usines dans la province du Jiangxi où la main d'oeuvre est meilleure marché.
► 17 janvier 2012. A écouter ce reportage de nos confrères de la radio publique américaine NPR sur les riches chinois qui veulent quitter un pays en pleine croissance.
Le temps de la radio et ses formats sont parfois réducteurs pour raconter une région où tout change tout le temps.
Au travers de ce blog, je vous invite à partager mes rencontres, mes voyages et les 1000 petits riens qui font le quotidien, forcement subjectif, d’un passionné d'Asie.