Lunettes noires pour M. Chen

C’est l’automne et les lunettes noires font leur grand retour sur le web chinois. Eté indien ? Festival de cinéma ? La campagne est en réalité destinée à soutenir un aveugle, sa femme et leur fille de 6 ans...

 

  

Voici une semaine des avocats, des journalistes et des militants des droits de l’homme organisaient un convoi groupé pour le village de Chen Guangcheng. Aujourd’hui, c’est le Global Times, l’un des quotidiens les plus lu en Chine, qui demande des informations sur les conditions de détention du militant aveugle, de son épouse et de leur fille de 6 ans.

Le journal critique la « vision simpliste » et finalement jugée « contreproductive » des médias occidentaux ainsi que des organisations de défense des droits de l’homme, tout en reconnaissant que le maintien sous surveillance de cet avocat autodidacte pose des questions auxquelles doivent répondre les autorités du comté de Linyi dans la province du Shandong (côte-est).

 

 

Ces propos sont rares dans l'océan de silence qui entroure habituellement les disparitions d'opposants. Ils interviennent alors qu’une réforme du code pénal est à l’étude. Ils arrivent aussi à un moment ou les pressions se multiplient pour la libération de Chen Guangcheng. Le 9 septembre, il y a un an, l’avocat autodidacte sortait de prison pour entrer dans « une prison plus grande » comme il l'a décrit lui même, à savoir... sa propre maison.

 

 

Village célèbre

 Surveillé 24 h sur 24, le couple Chen n'est pas autorisé à sortir de la ferme familiale. Même leur fille n'aurait pas la possibilité de se rendre à l’école. Pour dénoncer cet état de fait, les internautes sont invités depuis le début du mois à se photographier chaussés de lunettes noires.
 
Une campagne qui vient relancer la célébrité de Dongshigu. Le village du dissident a eu droit depuis un an à la visite de nombreux médias étrangers et notamment du New York Times, du Nouvel Obs, du Monde, de CNN et de RFI), l’office de tourisme a de surcroit reçu le « soutien » inattendu de Hu Jia.
 
« Voulez vous savoir ce que veut dire le maintien de la stabilité demandait il y a quelques jours sur tweeter, cet autre activiste et ami de Cheng Guangcheng ? Allez visiter Dongshigu, Yinan, dans la province du Shandong. Voulez-vous être témoin du partenariat entre la police et les bandits ? Allez faire un tour à Dongshigu... »
 
Une telle publicité aura probablement finit par déranger en haut lieu. C'est en tous cas ce semble indiquer l'article du Global Times paru ce mercredi. Comme l’enterrement d’un train cet été, le silence des autorités du Shandong sur Chen Guangcheng, sa famille et les conditions de son assignation à résidence, est devenu, en dehors même des questions de justice, un problème médiatique.  
 
 
 

ACTUALISATION 16 décembre 2011 : Batman chez Chen GuangchengL'acteur Christian Bale n'est pas non plus most welcome à Donshigu.