Corée du Nord : Les rois de la glisse

Les chefs de la propagande à Pyongyang sont décidément les rois de la glisse. Après nous avoir raconté dix mois de furieux travaux au col de Masik, où la Corée du Nord entend dérouler des pistes de ski dignes des plus belles stations alpines, voilà que les aéroglisseurs sont de retour. 130 engins amphibies seraient ainsi prêts à fondre sur les côtes de la Corée du Sud selon l’agence sud-coréenne Yonhap.

 
 
 
Cela fait maintenant 60 ans que la Corée du Nord attend son jour le plus long, et si ce jour arrive un jour ce sera en... aéroglisseur ! Voilà en tous cas ce que croient les conservateurs en Corée du Sud, également très portés sur la propagande. Selon l’agence Yonhap, « la Corée du Nord possède actuellement 70 aéroglisseurs en mer Jaune et 60 en mer de l’Est d’une vitesse maximale approximative de 100 km/h, d'après le rapport soumis ce mardi par l’état-major interarmées au cabinet du député du Parti Saenuri ». 
 

Peur de l’aéroglisseur

Ces aéroglisseurs sont apparus sur les radars sud-coréens en février 2012 comme le rapporte le journal Le Monde. Des photos satellites ont alors montré qu’une base capable d’accueillir 70 engins amphibies pourrait être utilisée pour attaquer les cinq îles sud-coréennes de la discorde situées à moins de 60 kilomètres des côtes nord-coréennes en mer jaune. La base de Koampo fait face en effet à la ligne "NLL", une frontière au large de la côte-ouest dont le tracé par les Nations-Unies n’a jamais été reconnu par Pyongyang depuis la fin de la guerre de Corée en 1953. Et donc... l’aéroglisseur fait peur aux conservateurs ! Toujours selon Yonhap, ce dernier est capable de « transporter jusqu'à 40 soldats lourdement armés, et sa vitesse atteint les 96 km/h. Si l'on multiplie les 130 navires par 40, le nombre de soldats pouvant débarquer d’un seul coup sur les côtes sud-coréennes serait de 5 200. »
 

Débarquement risqué

5 000 Nord-coréens « lourdement armés » qui débarquent à 100 km/h sur les côtes sud-coréennes !? C’est vrai que dit comme ça, on doit sacrément frissonner sur les rochers de « première ligne » de la mer jaune. La zone est régulièrement le théâtre de combats et le bombardement de l’île de Yeongpyong en 2010 a fait 4 morts et 18 blessés. Cela étant dit, si un débarquement nord-coréen localisé est possible dans l’absolu, il est techniquement très risqué à mettre en pratique. D’abord parce qu’il entrainerait la riposte de Séoul et de son allié américain susceptible de renverser le régime nord-coréen. Ensuite, parce qu’il exige des conditions météo particulières. Dans moins d’un mois, la base de Koampo sera probablement prise par les glaces. Enfin et surtout, les aéroglisseurs de Pyongyang sont aussi une arme de dissuasion et de propagande pour le régime. L'efficacité d'une arme de dissuasion c'est quand on a pas à s'en servir. Comme l’a excellemment démontré Roland de Courson de l’Agence France Presse, il y a quelques aéroglisseurs de trop sur la photo ci-dessus reprise par l'agence Yonhap. Et probablement aussi, dans le discours des conservateurs en Corée du Sud.  
 
 

 

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