Beigbeder en Chine : « Je ne suis pas DJ ! »

Les nuits de Pékin ne sont pas noires comme à Pyongyang, ni multicolores aux néons façon guirlandes électriques comme à Séoul, Hong Kong ou Taipei ; ce sont des nuits orangées - écrasées par les grosses chaleurs de l’été. Des nuits mauves et vaporeuses qui ouvrent le champ des possibles avec, pourquoi pas, un Frédéric Beigbeder aux platines le soir de la fête de la musique  

 
 
C’est peut-être lié à la pollution, c’est peut-être aussi en raison de ce brouillard moite qui envahit les rues de la capitale chinoise, chaque été à la nuit tombée, Pékin reprend des couleurs. Tels les grands animaux de la forêt piégés par les phares des voitures dans la brume d’une autoroute au petit matin, les silhouettes des boulevards semblent flotter de manière imprécise. Le flou du soir contribue à effacer le peu de réalité qui restait de la journée. Parfois à vélo, parfois à pied, le bal des noctambules masqués peut alors commencer. Tout semble possible...
 
Photo SL
 

2manyDjettes 

Tout devient possible, y compris un Frédéric Beigbeder DJ ! On savait l’écrivain amateur des platines du Baron à Paris, on l’a retrouvé ici au bar de l’hôtel G. Ce boutique hôtel de la rue des clubs à l’ouest du stade des travailleurs est d’ordinaire une boite à papa, voir à papy. Avec Beigbeder, le lieu est presque devenu branché. Troupeau de mannequins russes, coupes de champagne levées au ciel et odeur de fauve, certains ayant bien du mal à refroidir malgré la climatisation.
 
 
 
Frédéric Beigbeder DJ, c’est l’idée du bureau du livre de l’Ambassade de France à Pékin pour cette fête de la musique 2013. L’idée est d’ailleurs plutôt bonne, même si ce premier set n’a rien d’exceptionnel. Beigbeider parvient à faire lever les bras et avec eux des smartphones qui crépitent de textos venus du Mao Live house. La salle de concert du vieux centre ville accueille au même moment les français de Lojo qui, selon les SMS vibrionnants, y font un malheur !
 
Photo Gaël Thoreau
 

Brochettes de serveurs tatoués

Puis c’est l’heure de partir pour le « 2Kollegas », drive-in improbable planté au coeur d'un oasis de verdure au milieu de la forêt de béton du 3ème périphérique. La horde des beijing sideways transporte alors les convives cheveux aux vents, le casque étant encore une option à Pékin.   

 
Une fois arrivée, les sets et les shots de vodka reprennent. Les lieux sont, il est vrai, beaucoup plus rock sans roll que ceux que nous venons de quitter. Au comptoir, une brochette de serveurs tatoués et impassibles, semble échappée de l’un de ces nouveaux « westerns baguettes » (comme autrefois on parlait des westerns spaghettis) qui font chavirer les écrans chinois et coréens.
 

 

Un sport et un passe temps

Là encore, Beigbeder n’est pas le meilleur musicien de la soirée. « Je ne suis pas DJ » lance t-il avant de commencer. L'écrivain considère visiblement le boulot de DJ comme un sport et un passe temps. Pour compenser la faiblesse de ses performances aux platines, Beigbeder donne de sa personne n’hésitant pas à quitter son lap top pour assassiner une batterie restée au fond de la salle.
 

 
La sauce prend moyen, mais sur un malentendu tout est possible. On peut-être écrivain et jouer les DJ, on peut aussi être une célébrité et se révéler fort sympathique. L’écrivain est abordable et très souvent abordé au cours de la soirée, malgré la fatigue du voyage et de tout le reste d’ailleurs.  
 
 
 
 
 
Au final, on a assisté à une sorte de perfomance artistique. On a surtout discuté, bien plus qu'on a dansé. Celles et ceux qui avaient le plus de conversation ce soir là sont repartis à l’aube, les voitures encore sur les parkings tandis que les climatiseurs, milliers de verrues immondes sur les façades des immeubles, reprennaient  leur souffle avant de transformer la « capitale du nord » en haut fourneau. Oui, on a passé une très chouette fête de la musique à Pékin. 
 
 
 
 
 
 
 
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Et pour un tour rock&roll du vieux Pékin et des alentours, en bande ou en solo, il y a Gaël et les  Beijingsideways

 

 Boulanger chinois dans le pétrin tôt le matin. Photo SL

 

 A lire chez les confrères

L'envoyée spéciale de L'Express était visiblement encore sous acide lorsqu'elle a écrit son papier : "Quelques centaines de mètres plus loin la place Tiananmen est assaillie de jeunes. Jusqu'à l'aube, ils seront 30 000 à écouter une centaine d'artistes." C'est bien de LA place Tiananmen dont on parle !?! De concerts de rock près du mausolée de Mao ?!?

L'Express 16.08.2013 Fête de la musique à Pékin : Du rock dans la Chine pop.

 

 

 

1 Comments

Plus qu'original de passer de l'écrivain tel qu'on vous connait, pour ensuite vous retrouver aux platines en Chine, même si Vous pas DJ, Vous, à l'aise avec les platines (plus que moi, en tous cas), donc pas DJ, mais quand même. Un moment de détente pour vous, en tous cas ; sympa à vous de partager avec les internautes vos photos souvenir. ROCKMD