Corée du Sud : sexe, drogue et parties folles

C’est une maison aux rideaux bleus accrochée à la colline. Un complexe de six appartements bungalows entourés par les pins blancs des monts du nord-est de la Corée du Sud. Le genre de lieu où les promeneurs Sud-coréens aiment habituellement découvrir la beauté changeante de la nature. Sauf qu'ici, la maison abritait d’étranges orgies ; des cérémonies masquées digne du film de Stanley Kubrick Eyes Wide Shut selon les médias sud-coréens, lors desquelles une certaine élite se retrouvait pour de supposées partouzes

 
 
 
 
Une histoire passionnelle qui tourne mal peut-elle faire tomber la République ? Elle a en tous cas déjà coûté son titre à un vice-ministre en Corée du Sud. Jeudi 21 mars 2013, Kim Hak-ui a démissionné suite aux révélations parues dans la presse locale. Voilà en effet déjà plus d’un mois que les rumeurs alimentaient la machine à fantasmes et que tout le web jouait à qui se cache derrière les masques de ces orgies sensées rassembler des parlementaires, des stars, des journalistes, des avocats, des grands médecins etc. 
 

Drogue, viol et porno amateur

 
Au départ tout commence comme une chanson de Gainsbourg. Initiales « B.A. ». C’est avec ces deux lettres que les articles des journaux sud-coréens ont commencé à raconter l’affaire. En novembre 2011, madame B, 52 ans, « patronne de cours privés », vient déposer plainte contre monsieur A, 51 ans, courtier en immobilier, qu’elle accuse de viol et de racket. La police arrête alors monsieur A et découvre à son domicile des « armes illégales » et des vidéos pornos amateurs filmées via un téléphone portable. Des traces de drogue sont par ailleurs relevées par les enquêteurs dans les cheveux et les urines de monsieur A.
 
L’histoire devait s’arrêter là. Mais le récit de madame B va s’avérer beaucoup plus compliqué. Les policiers vont ainsi vite découvrir qu’A et B étaient amants. B aurait prêté 1 million d'euros à A. Elle lui aurait aussi prêté sa voiture. Problème : Quand ils se sont séparés, ce dernier a non seulement refusé de lui rendre l'argent et le véhicule, mais en plus il l’a faisait chanter. A chaque fois que Madame réclamait son argent, il l'a menaçait d’appuyer sur le replay de leurs ébats filmés. La police se met donc en quête de la voiture. Et là, surprise ! Madame A est visiblement également amatrice de vidéo coquines, puisque 7 CD sont retrouvés dans le véhicule sur lesquels les enquêteurs croient reconnaitre des personnalités sud-coréennes.   
 

Moulin et tournantes

 
C’est immédiatement la panique dans le milieu de la galipette. Les médias bombardent les enquêteurs de questions. Cette fois les initiales ont disparu. On ne parle plus désormais que d’une certaine madame Gwon et d’un certain monsieur Yoon. Ce dernier a investi dans l'immobiliers dans les années 2000 (parcours de golfes, résidences immobilière), avant d'être « ruiné par la crise financières ». Enfin ruiné, pas complètement ! Les enquêteurs se rendent à sa propriété de la province de Gangwon à l’est du pays. Ils y découvrent 6 800 m2 de terrain, les six maisons grises dont on a parlé et un moulin à vent.
 
Ils interrogent surtout les habitants de la région. Les langues se délient…Il y avait du beau monde aux soirées du moulin racontent alors les voisins cités par la presse. « Jusqu’à fin 2011, des petits groupes venaient ici trois à quatre fois par mois »« Entre 6 et 20 personnes (...) des hommes et des femmes" et notamment « des vedettes, des hommes politiques, le directeur d’un hôpital universitaire, des banquiers, des agents des services secrets… » Les enquêteurs parlent de leur côté de « 6 à 7 personnalités très connues ». Il n’en faudra pas plus pour faire tomber Kim Hak-ui.
 

Critique des élites

 
Car le vice-ministre de la Justice était sur la liste des banquets masqués organisés entre 2008 et 2011 selon les enquêteurs. Quant à l’organisateur des parties fines, monsieur Yoon, il se serait avec la crise reconverti en homme d’affaire et en… maître chanteur ! Certaines sources le soupçonnent d’avoir filmé les ébats de ses invités pour obtenir des contrats et/ou des services en échange. Complexe sportif, chantier d’hôpital, une enquête est en cours ! En attendant, les médias se déchaîne contre une certaine élite supposée débauchée et supposée corrompue. Difficile aujourd’hui d’enrayer les spéculations.
 
"Bien que toutes ces allégations soient fausses, je ne suis plus en mesure d'exercer la charge cruciale qui est la mienne a déclaré Kim Hak-hui. Je démissionne dans l'espoir que cette affaire ne soit plus un fardeau pour le nouveau gouvernement". La polémique n’aide pas il est vrai l'équipe mise en place par Park Geun-hye. La nouvelle présidente n’a pas bénéficié d’un état de grâce, c’est le moins qu’on puisse dire ! Ce scandale digne des soirées bunga bunga de Silvio Bersuconi, a en effet éclaté moins d’un mois après sa prise de fonction. Park Geun-hye est aujourd’hui créditée de 44 % de popularité dans les sondages.
 
 
L’enquête judiciaire est toujours en cours, nous continuerons à suivre cette affaire sur ce billet… N’hésitez pas à y revenir, si l’histoire vous intéresse.
 
 
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Actualisation du billet :

31 mars 2013 : Descente de police dans une villa de l'est de Séoul (Yonhap)

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1 Comments

faut pas oublier que DSK a failli être président de la France, donc un peu le style grotesque du berlusconisme à l'Elysée... et même la garde rapprochée de Obama a été prises dans une affaire de moeurs. c'est toute l'élite mondiale qui est comme ça. Mais je crois en fait que le problème c'est le chantage, les faveurs, etc.
Parce qu'après tout la sexualité de chacun est une question privée