09 févr. 2013 - 05:16
Les Coréens adorent les chorégraphies et le karaoké, ils ne pouvaient que craquer pour « Les Misérables ». Le film est sorti le 19 décembre dernier, soit le jour de la victoire de Park Geun-hye aux présidentielles. Assommés par l’arrivée au pouvoir de la fille du dictateur Park Chung-hee, les électeurs de gauche ont été se consoler devant l’écran.
Mouchoirs et popcorns
On a beaucoup pleuré dans les multiplexes ces derniers temps en Corée. Mouchoirs et popcorns pour oublier la défaite devant le destin tragique de Jean Valjean et Causette. « Une fille qui travaille dans une usine, perd son travail du jour au lendemain et devient prostituée cela ne pouvait que réveiller des choses dans une Corée confrontée au chômage des jeunes » résume une amie Coréenne.
Heeling movie
Autre raison du succès : Le soulèvement des "misérables" en France face à l’oppression rappellent aux spectateurs les manifestations contre la dictature de Park Chung-hee dans les années 80 soulignent les critiques qui ont immédiatement rangé le film dans la catégorie « heeling movie », film de réconfort. De quoi inquiéter l’Etat major sud-coréen plutôt nostalgique de la manière forte que des manifestations de Kwangju. Dans un pays ou le service militaire est obligatoire et dure deux ans, pas question de laisser la jeunesse s’émouvoir sur un plaidoyer social paru en 1862 ! Les Coréens sont en tous cas les rois du buzz. Après le chanteur PSY, ce clip réalisé avec l'aide d'une centaine de conscrits et pour environ 900 dollars a déjà dépassé la barre du million de vues sur Youtube !
Jean Valjean "matricule 24601"
La parodie raconte l'histoire du malheureux Jean Valjean alias "matricule 24601», qui en raison de ses devoirs de service, ne pourra passer que 10 minutes avec sa petite amie Cosette venue le visiter à la caserne. La neige qui tombe à la frontière de la Corée du Nord est la nouvelle pierre de sisyphe pour les appellés, que l'on voit sur la vidéo s'épuiser à déblayer les routes tant que le blanc recouvre le paysage. Mais l'enfer des jeunes recrues ne s'arrête pas aux élément météo déchaînés ; s'y ajoute également l'inflexibilité du commandant Javert et les relations compliquées avec des jeunes filles qui doivent patienter de longs mois avant de retrouver leurs copains en treillis. De quoi faire se retourner Victor Hugo dans sa tombe, même si le poète en a vu d'autres : Barbey d’Aureville avait déjà à l’époque stigmatisé le « livre le plus dangereux de son temps ».
