Kiir impérial

Hu Jintao et l’homme au chapeau sur la photo. Salva Kiir, le président de la République du Sud Soudan, est à Pékin pour obtenir l’appui de la Chine « amie des deux soudans » qui cherche à sécuriser ses approvisionnements en pétrole.

Les membres de la délégation qui accompagnent le président du sud soudan ici à Pékin le disaient dès leur arrivée en Chine,  ce voyage officiel avait toutes les chances de ne pas aller jusqu'au bout -voit la fin du reportage au Palais du Peuple ci-dessous-. Salva Kiir a laissé en partant un pays pilonné par les troupes soudanaises et les frappes ne se sont pas arrêtées depuis. « Khartoum a déclaré la guerre à mon pays » affirmait ainsi hier soir le chef de l’état à son homologue chinois.
 
Aujourd’hui il a donc fallu suivre le protocole… Rendez-vous avec le vice-premier ministre Li Keqiang, puis avec Wu Bangguo le président du comité permanent de l’assemblée nationale populaire :
 
« Il est regrettable que vous deviez écourter votre visite en Chine en raison de problèmes intérieure a alors expliqué ce dernier » même si ces problèmes intérieurs sont en réalité aussi ceux de la Chine qui s’inquiète pour sa sécurité énergétique. Le porte-parole de la diplomatie chinoise a immédiatement fait savoir qu'il enverrait un émissaire au soudan et au sud soudan aussi vite que possible.
 
Mais avant de revenir à ses questions, retour sur la première journée de cette courte visite
 
Salva Kiir refuse de porter le chapeau
 
Les journées d’un correspondant de presse passent souvent à toute vitesse, celle d’hier mardi a été particulièrement haletante. Entre un reportage sur le salon de l’automobile avec l’accord Renault-Dongfeng et des résidus de pesticides dans les sachets de thé, nous étions déjà entrain de cavaler après Salva Kiir.
   .

CHINE ENRO 1er jour de la visite de Salva Kiir à Pékin 24 avril 2012 by Stéphane Lagarde

Le président du Sud Soudan qui a refusé de porter le chapeau à son arrivée en raison des combats alors en cours a Heglig, a donc débarqué lundi après midi à l'aéroport de Pékin dans son uniforme militaire.
 
Il a ensuite enfilé le costume et retrouvé son célèbre couvre-chef à larges bords avant de se rendre au Palais du peuple où l'attendait mardi en fin d'après midi son homologue chinois Hu Jintao. 
 
Les observateurs y ont vu ici un signe encourageant. La visite prévue depuis un an n’a en effet pas été annulée au dernier moment même si certains dans la délégation mardi soir, parlaient d’un retour rapide au pays au cas où les choses viendraient à s’envenimer sur le terrain.  

Kiir à la cité impériale

La visite a ainsi continué ce mercredi. Certains dans la délégation parlaient même hier d’aller faire un tour à la cité impériale place Tiananmen, d’autres comme le Ministre Sud-soudanais des Affaires Etrangères, d’un aller-retour à Shanghai.  
 
Tout cela, nous le savons maintenant, a donc été annulé.
 

 
Ce n’est pas à Washington mais à Pékin que Salva Kiir est venu tendre la main. Près de 80 % des hydrocarbures se trouvent au Sud et c’est cela qu’est venu monnayer le président de la République du Soudan du Sud auprès des autorités chinoises.
 
Pékin n’a d'ailleurs pas caché son inquiétude suite aux bombardements de ces derniers jours. « Nous pensons que 40 à 60 % des puits ont été endommagés confie Gomme Bol Noah, un haut fonctionnaire de la délégation sud soudanaise. Les Chinois ont promis de nous assister jusqu’à ce que la situation se calme, après on verra »

Oléoduc Kenyan 

Or c’est justement sur cet après que travaille Salva Kiir. La China National Pétroleum Corporation est le plus gros acteur pétrolier dans le pays. Une équipe de CNPC a été envoyée à Juba quand le Sud est devenu indépendant l’été dernier.
 
L’or noir est à la fois la bouée de sauvetage de Juba et la raison du déchirement entre les deux frères ennemis. Car si la majorité des hydrocarbures se trouvent au Sud, les tuyaux remontent vers le Nord et les exportations passent par Khartoum.
 
Pékin aimerient continuer à orchestrer le tout sur l'air de "j'ai deux amours", mais le Sud cherche déjà une alternative     
 
Photo S. Lagarde
 
« Nous espérons que CNPC discutera autour de la table avec notre gouvernement. De deux choses l’une : Soit le nord respecte les accords internationaux et nous laisse utiliser ses pipeline, soit nous trouverons une alternative et construirons nos propre pipeline jusqu’au port de Lamu au Kenya poursuit  ce membre de la délégation sud soudanaise.  CNPC a beaucoup d’expérience et a promis de nous soutenir techniquement. »        
 

CHINE SOUDAN Gomme Bol Noah, membre de la délégation sud soudanaise à Pékin 24 avril 2012 by Stéphane Lagarde

  
Pour l’instant les accords conclus mardi soir au Palais du Peuple couvrent l’énergie solaire, la coopération financière et l’aide humanitaire. Salva Kiir attend également la signature de prêts bonifiés. Il envoie surtout un message à Omar-el-Béchir : « Les chinois sont aussi les amis du Sud »

 

1 Comments

thanks for creative coverage to this visit
what do you think about the main objective of the visit?
do you think this visit could reflect negatively on the USA-south Sudan relation from one side and Sudan - china from the other side