Wang Shu, le roi du « slow build »

Pour la première fois, un architecte de Chine continentale se voit décerner le prestigieux Pritzker Prize 2012. Pour son architecture humaniste et proche de l’environnement, Wang Shu rejoint le panthéon des Norman Foster, Franck Ghery, Renzo Piano et autres Jean Nouvel…

 

 Il n’y a rien de plus éloigné de la Chine d’aujourd’hui et de ses forêts de tours que ces œuvres économes et durables, il n’y a peut être rien de plus proche finalement des villes chinoises de demain que ces étranges bâtiments sortis de l’imagination d’un artiste. Wang Shu était écrivain avant de dessiner des maisons. Il a surtout été parmi les premiers à sortir du système des agences publiques d’architecture. Nous sommes en 1997, il fonde avec son épouse son propre un studio sur les bords du lac de Hangzhou.

L'intitulé est déjà un programme :« Amateur Architecture Studio ».  "L’(humanité) est plus importante que l'architecture, et l'artisanat plus important que la technologie" dit-il à l'époque selon Wikipédia. Diplômé de l’Institut de Technologie de Nankin (1988), Wang Shu se définit en effet d'abord et avant tout comme un artisan, et c'est en peintre paysagiste amoureux des matériaux, qu'il entame sa carrière. Le voilà à l’Académie des Beaux Arts dans la province du Zhejiang où il est chargé de réfléchir sur « l’architecture en rapport à son environnement et à la rénovation des bâtiments anciens »

Retour vers le futur  

C’est lui Wang Shu, qui après le « slow food » va inventer le « slow build » et devient cet adepte des constructions lentes dans une Chine ou les immeubles poussent aussi vite que le soja après la pluie. Cela donne des bâtiments à tonalités naturelles réalisés à partir de matériaux recyclés. Wang Shu n'a pas le sourire éclatant du sinoaméricain I.M Pei, mais comme le bâtisseur de la pyramide du Louvres, il dispose de  cette même volonté d’ancrer ses œuvres à la fois dans le passé et le futur : « Le débat sur la bonne relation entre le présent et le passé est particulièrement opportune pour ce qui est du processus récent d'urbanisation de la Chine a déclaré Lord Palumbo lors de l'annonce du prix. Elle pose la question de savoir si l'architecture doit être ancrée dans la tradition ou doit se tourner uniquement vers l'avenir. Comme pour n'importe quelle grande architecture poursuit le président du jury du Pritzker Prize 2012, le travail de Wang Shu est capable de transcender ce débat avec une œuvre intemporelle, profondément enracinée dans son contexte et pourtant universelle. »
 
 
 
Exemple avec ces plus de deux millions de tuiles traditionnelles récupérées sur des chantiers de démolition et ré-enchantées sur le toit de l’Académie Chinoise des Arts de Xiangshan.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Exemple encore avec l’un des OVNI architecturaux les plus marquants de ces dernières années… Ceci n'est pas un musée, c'est un château dans une flaque d'eau ! Le musée d'histoire de Ningbo semble en effet sortir tout droit d'un conte de fée. Un édifice qui penche, oscille, toujours en mouvement. Ca donne mal au cœur ? Pas du tout, c'est juste un rêve éveillé. Wang Shu raconte qu’une nuit, il a pris la plume encore à moitié endormi. L'architecture en toute simplicité : "Une fois que j'ai terminé mon dessin dit-il,  j'ai bu un thé !"
 
 
 
 
 
Légèreté du déclin. L'architecture avec des allumettes ou le Déclin d’un dôme qui obtient la mention spéciale du jury à la 12ème exposition internationale d’architecture de Venise
 
 
 
 
 
 
 
Et pourtant elle flotte, la maison en céramique ! Ce vaisseau intersidéral de 130 m2 est là aussi bâti avec des matériaux de récupération (Jinghua 2006)
 
 
 
Wang Shu recevra son prix lors d’une cérémonie officielle le 25 mai prochain à Pékin, une médaille en bronze et un chèque de 100 000 dollars,
 
 
 
 
L’œuvre de Wang Shu en images sur le site du Pritzker Prize 2012 ainsi que sur le site du China Daily. Pour les photos de ce billet se reporter à l'Amateur Architecture Studio

1 Comments

le bâtiment du musée de Nangbo est surprenant.